Post-confinement: la maison ‘cœuronavirus’

COCONFINEMENT OU CONFINEMENT DECONFIT

Gérer ses coro-émotions

A cause du coronavirus nous sommes restés enfermés pendant 55 jours !

Tous dans des conditions différentes, chacun avec des expériences normales, heureuses, malheureuses

Pour aider les enfants à « digérer » ce temps de confinement imprévu, long, et de toutes façons marquants car s’inscrivant dans une ambiance anxiogène et un contexte historique, j’ai proposé ce petit exercice collectif, simple et efficace.

La maison ‘cœuronavirus’ :

Les enfants ont à leur disposition des petits papiers, en forme de cœur ou en forme de virus et écrivent dans les cœurs les bons moments du confinement comme s’ils étaient dans un cocon (le coconfinement) et écrivent (seuls ou sous la dictée) les mauvais moments sur les papiers en forme de virus (qu’ils reconnaissent tout de suite) !

L’objectif est de libérer la parole, de mettre en mots ce qui parait important à leurs yeux. Ils ont des yeux d’enfant, un cerveau d’enfant et ce qui est important pour eux ne l’est pas forcément pour nous.

On lit sur des étiquettes que recevoir une carte Pokémon fut un bon moment (un moment aidant), pas certaine que cette même carte aurait autant d’importance pour vous et moi !

Le manque de contacts avec les cousins, cousines, copains, copines, grands-parents, famille, amis, école… fut généralement ressenti par tous : cette absence de socialisation est un des indicateurs les plus perturbateurs (encore plus marqué chez les adolescents) .

Certains ont vraiment apprécié les moments privilégiés avec les parents un peu plus à la maison que d’habitude pour certains. Le fait d’être confiné a permis à certains de resserrer les liens. Les animaux domestiques ont compté aussi.

L’objectif de remplir la maison cœurona est également d’être à l’écoute des autres : partager des expériences et voir que d’autres ont pu vivre la même chose, voire, pire ou mieux, ce qui permet d’analyser sa propre vie, de la relativiser, de la comprendre. Les enfants sont facilement empathiques lorsqu’ils se sentent en confiance.

Un des enfants ayant vécu une séparation difficile a confié sa tristesse à l’ensemble du groupe qui l’a consolé, et un jeune membre du groupe lui a donné les avantages de cette séparation : l’enfant s’est arrêté de pleurer a marqué un temps de pause et elle a souri. Elle n’a pas souhaité écrire cela dans un virus, mais en fait ce qui compte c’est le fait qu’elle ait déposé sa peine.

On voit aussi que l’impact du numérique (TV/ordinateur/tablette/téléphone) a été prégnant pendant ce confinement :

on a regardé des films, on a fait des skype, des apéros-visio, on a fait des vidéos. A la TV on a été « embêté par les pubs coronavirus » « ils disaient toujours de se laver les mains », la musique était triste renchérit un enfant à l’oral. Elle faisait un peu peur même dit un autre !

Des changements d’habitude (repas, sommeil…) et de rythme peuvent aussi avoir des répercussions sur la suite :

Un enfant expliquait que tout le monde faisait la grasse matinée pendant le confinement par exemple.

Il est important qu’un rythme soit repris pour retrouver un équilibre. Le fait que les vacances d’été se profilent derrière cette potentielle reprise de fin d’année n’encourage pas certains parents à s’imposer cette reprise.

Si les enfants ont une capacité d’adaptation bien connue, dans cette crise certains l’ont prouvé. Mais… Ils ont cette faculté également de très vite passer à autre chose c’est parfois déstabilisant pour nous les adultes mais c’est une chance pour eux.

En revanche la notion de temps chez l’enfant n’est pas la même que nous. Ces 55 jours ont pu paraître une éternité pour certains, d’autant plus si le climat familial n’était pas harmonieux. Avec un horizon soudainement rétréci la période pouvait générer des impatiences du stress des angoisses des colères de l’ennui

Certains enfants ont vraiment bien aimé cette période, ils se trouvaient comme dans un nid, à l’abri du danger.

Le but de cette pratique « la maison cœurona » est de repérer les traces d’un éventuel trauma pouvant rester de cette période restrictive, car on sait que le confinement a des impacts sur les habitudes de vie et que ceux-ci peuvent entraîner des difficultés durables au retour à la vie normale*

N’hésitez pas à reparler du confinement avec vos enfants ( vos élèves, les enseignants ont un grand rôle dans cette démarche)*: la maison,les cœurs et les virus ne sont que des supports permettant un retour sur expérience, retour salvateur, au moins indicateur, mais de toute façon nécessaire.

Bonne discussion avec les enfants.

N’hésitez pas à utiliser ma modeste idée de “la maison cœuronavirus”

Sylvie Etiève

Lien pour les professionnels (enseignants et autres professionnels travaillant avec des enfants : *file:///C:/Users/Sylvie/Desktop/maison%20corona/fiche_mss_reperer_les_impacts_du_confinement_sur_les_enfants_0605.pdf

La maison coeuronavirus (Sylvie Etiève)

FIN DU CONFINEMENT !

Comme tout le monde une date trotte dans la tête !

Le 11 mai : date de la fin du confinement… je vous propose cet article qui comporte deux parties :

1 : Une série (non exhaustive) de conseils

2 : Une rédaction sur le sujet du confinement et de sa suite

Bonne lecture !

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I : Quelques conseils pour sortir du confinement

*Savourer la liberté retrouvée de se déplacer un peu plus aisément. Si l’on est extraverti on est encore plus impatient (comme un lion en cage) que si l’on est introverti (il faudra sortir de sa zone de confort).

*Recréer des liens, au plus vite. Le lien social est un excellent antidépresseur, et permet une meilleure santé physique. Donc voir et aller voir surtout les personnes isolées et âgées : c’est vital.

*Voir le déconfinement comme une chance : revoir des personnes chères, vivre des moments tant attendus, exemple : une jeune mamie a tenu un cahier de tout ce qu’elle a « loupé » avec ses enfants et petits-enfants depuis le début du confinement et va les vivre après, comme : faire chercher les œufs de Pâques dans le jardin, goûter à un nouveau plat de sa fille, fêter un anniversaire…

* (re) Changer ses rituels. Avec la période de confinement, on a mis en place certaines routines, que l’on va devoir modifier avec le retour à une vie allant vers la normale. Caler un peu plus de temps pour aller travailler, (télétravailler pouvait, pour certains se faire en chaussons !) reprendre des rythmes de sommeil plus réguliers s’ils ont été modifiés.

*Accepter un temps de réadaptation à cette nouvelle vie (faite de distanciation). On va retrouver certaines habitudes, mais il faudra faire le deuil de certaines autres.

*Garder une trace, un souvenir, de ce confinement permettra de l’inclure dans notre vie, dans celle de nos enfants (leur garder quelques journaux, une autorisation de sortie, des photos, des écrits anecdotiques…).

*Lister des projets (réalisables) et écrire la liste de ce qu’on voudrait vivre, de nouveau. Se projeter, permet de donner une dynamique à sa vie qui nous donne de l’énergie.

* Garder ce que l’on a aimé dans le confinement (consommer local ? télétravail ?), et se détacher de ce qui a été nocif (certains ont eu des problèmes d’addiction). Noter ce que l’on a dû arrêter de faire et que l’on ne tient pas à reprendre, ou que l’on attend avec impatience.

*Gardons les valeurs de solidarité de respect et de reconnaissance* (celles des métiers invisibles par exemple) mis en valeur durant ces deux mois.

*Redéfinir nos propres valeurs, mais aussi, les valeurs collectives autour de la solidarité, de la santé, de l’alimentation, de la nature et de la pollution, de l’importance de l’exercice physique (le confinement ayant accentué notre sédentarité). Donc bougeons, sortons, marchons, respirons, mangeons sains, échangeons…

*Conscientiser ce qui nous fait peur. Le prendre en compte, et trouver ce qui va nous tranquilliser. Exemples : gestes sanitaires, se déconfiner à son rythme : pas d’urgence pour faire des courses, ou faire un drive fast-food, trouver une alternative aux transports en commun (vélo, marche à pied, covoiturage) …

*Si au-delà d’un mois l’on arrive pas à se sentir bien, si l’on a des manifestations d’anxiété : réaction imprévue, perte de sommeil, pleurs, tremblements, agressivité, déprime, tension… Ecrire, Dire ce que l’on ressent est un premier pas vers « la digestion » du moment. En parler avec quelqu’un ou rencontrer un professionnel peut s’avérer nécessaire. En une ou deux séances cela peut s’arranger.

*Si l’on devient agressif, suspicieux envers les autres : prendre des distances et se rappeler le savoir vivre.

*Prendre très au sérieux les situations de précarisation dues au confinement. Si vous êtes dans ce cas ou si vous connaissez quelqu’un : ne restez (le/la laissez) pas seul(e) !

*Etre prudent sur ses habitudes par exemple : lors d’un apéritif favoriser le petit pot individuel de cacahuètes plutôt que le pot collectif , des verres jetables !

*On héberge tous des dizaines de bactéries, par exemple 80 % de la population est porteuse du virus de l’herpès et tout le monde n’en souffre pas. Il faudra vivre avec ce coronavirus, comme on vit avec des maladies graves, mais une fois, les tests largement disponibles et surtout le vaccin trouvé nous serons plus sereins.

 *Respecter le triptyque : protéger, tester, se confiner si l’on est contagieux. Cela permet de se sentir en phase avec le collectif.

*Il est parfois plus facile de se confiner que de se déconfiner. Car il faut prendre ses responsabilités, minimiser les risques, … Certains ont fait une psychose c’est-à-dire qu’ils ont ressenti une distorsion affective et émotionnelle qui fait qu’ils ont perdu le contact avec la réalité et ils ont pu avoir des comportements excessifs (tout nettoyer exagérément…). Et il est encore plus compliqué pour eux de remettre leurs pensées en question.

*Ne pas avoir envie de sortir peut s’expliquer (on était bien dans notre cocon) , on a un peu peur du virus. Il faut s’écouter et ne pas dramatiser sur cette situation ! On peut ressentir ce qu’on appelle le syndrome de la cabane. 

*Conserver sa sagacité et son sens critique.

*Et si l’on a su « lâcher prise » pendant ce confinement : gardons cette habitude une heure de temps en temps pour retrouver un certain bien-être.

*Rire, sourire, garder son humour et sa courtoisie.

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II: SE DECONFINER

Après plus de 50 jours de confinement et de vie au ralenti, nous allons pouvoir lever quelques amarres pour essayer de reprendre un peu de large. Il ne faudra pas sortir du port confinage sans un minimum d’instruments à bord :  masque, gel, mouchoirs en papier, distanciation physique, responsabilité, lavages des mains, tests et avant tout bon sens (critique), évidemment. En revanche l’on pourra laisser notre feuille de route remplie, recopiée ou téléchargée depuis plusieurs semaines. Comme un petit goût de liberté (responsable) retrouvée !

Cette liberté très encadrée, comprise et respectée dans l’ensemble, se devait sans doute de l’être pour sauver des vies. Des milliers de vies l’ont été (gratitude envers le corps médical), avec même un bonus car avec la chute de la production industrielle et de la circulation, des personnes (malades chroniques) ont été sauvées grâce à cet air amélioré !

Mais des milliers de vies ont été perdues aussi : c’est le prix d’une pandémie. Les chiffres n’ont pas d’âme on le ressent bien, si l’on a perdu quelqu’un pendant cette période. J’y reviendrai.

Le premier point de ce que l’on pourrait tirer de ce confinement tournerait autour de la notion de liberté mais aussi et avant tout de la qualité de vie. Qualité de vie d’abord : baisse des pollutions de l’air, mais aussi diminution de la pollution sonore ! Grand besoin d’air pur mais aussi de verdure ! Une grande quantité de citadins se sont promis d’essayer d’accéder à un logement avec jardin. Notre rapport à la nature (parfois bafoué, malgré nous) est aussi une donnée à méditer. Quand on s’étonne de voir des animaux (chevreuil, daim, …)  Ici ou là circuler dans des villes ou villages alors que leur place est dans la forêt, on est en droit de se demander si nous n’avons pas tout simplement (à l’échelle de la Terre) un peu oublié de leur préserver leur univers.  On le savait, va-t-on, suite à cette expérience, le respecter davantage ? On comprend qu’il en est sans doute de notre survie : partager la planète !

Recouvrer une forme de liberté et de qualité de vie (aller en forêt par exemple) devrait nous faire le plus grand bien. Retrouver la possibilité de sortir sans préparer ce « laisser-passer » va alléger notre vie. En même temps on sait que l’idée de devoir se déconfiner entraine plus d’anxiété pour certains que de tranquillité.

Effectivement, sociologiquement il est vérifié qu’il est plus facile de suivre des mesures de restriction que des mesures de liberté. En effet, a priori « la liberté des uns, s’arrête où commence celle des autres ! » comment maitriser cette liberté de mouvement dans un contexte ou un virus court (ou ne court pas). On a la sensation en récupérant la possibilité de se déplacer, de partir en lutte contre l’invisible. Comme si à chaque poignée de porte, à chaque personne croisée, elle était là, tapie, prête à nous faucher : la maladie, parfois mortelle, comme toutes les maladies du reste. Il est donc normal de ne pas se sentir complétement libre : le contexte prévaut sur l’éthique ! On ne se sent bien et libre que lorsque l’on se sent en sécurité. Et là ce n’est pas tout à fait le cas, en même temps l’on sait qu’il y a sans doute eu exagération médiatique sur ce sujet qui ne nous permet peut-être pas de relativiser ce qui peut l’être. Peut-être que de notre côté nous avons surconsommé les informations (bonnes ou moins bonnes), nous n’avons pas toujours pensé par nous-mêmes, nous ne sommes pas assez documentés, c’est normal, nous avons été sidérés, voire paniqués, par cette pandémie, et dans cet état là il est impossible de prendre rapidement du recul.

De plus on vient de subir un long temps d’enfermement plus ou moins intense. Suivant que l’on soit intro ou extraverti ce confinement a été différemment ressenti. Les premiers ont apprécié cette distance sociale, les seconds ont été comme des lions en cage. Pour certains, très sociables, ne pas pouvoir aller se promener tranquillement ou aller prendre un café au bar d’à côté ou papoter avec un voisin est une perte énorme de liberté. Les visios n’ont pas tout remplacé !

 Il y a pu y avoir cette idée de coconfinement, un peu dans notre bulle sécure, (comme un retour à la sensation du ventre maternel vont jusqu’à dire certains psychanalystes), dans notre petit espace protégé en lien avec le monde par notre cordon ombi-numérique ! Il va falloir sortir de cette zone de confort pour se réadapter à la vie sociale teintée de la crainte d’être contaminé.

Bien-sûr l’on n’est pas tous égaux pendant ce confinement. On a constaté une hausse des violences intrafamiliales (espérons que les situations vont pouvoir se régler avec le travail des acteurs sociaux même s’ils n’ont pas arrêté ! Ne soyons pas moins attentifs et alertons s’il le faut.)

Certaines personnes âgées (ou seules) subissent le syndrome du glissement*, d’autonomes et plutôt positives elles deviennent dépressives et ne souhaitent plus qu’une chose « partir ». La rupture du lien social est catastrophique pour les personnes âgées ou vivant seules (si elles présentent des troubles psychiques). L’absence de lien avec leurs proches en a même sans doute conduit certains à être moins défensifs face au coronavirus, car l’interaction sociale permet une bonne santé*. Le nombre d’appels sur les lignes d’écoute a terriblement augmenté. L’après-confinement dépend donc très intimement du confinement que l’on a vécu.

Il y a donc la peur, émotion incontrôlable, peur qui nous gouverne et qui nous empêche parfois d’agir en conscience. L’idée serait tout d’abord de prendre conscience de cette peur, à quelles attitudes de prudence doit elle nous conduire ? Les gestes barrières sont une réponse, les tests aussi. On peut pour prendre conscience et relativiser notre peur, repenser dans le passé à un moment qui nous faisait peur et qui en fait était injustifié. Le proverbe dit bien « la peur n’évite pas le danger. » La peur non contrôlée entraine parfois des comportements agressifs, des comportements de rejet, des comportements inadaptés.

L’on pense aussi que des phobies vont s’exacerber (agoraphobie (peur de la foule), l’anthropophobie (peur des gens), la blemmophobie (peur d’être jugé, regardé, suspecté), ces phobies doivent être prises en charge.

Autre difficulté : les addictions, à l’alcool notamment (mais aussi aux médicaments, aux jeux…), ont augmenté pendant le confinement. Coupé des autres, l’alcool était un moyen de se « divertir » un peu, des jeux de défis d’alcool (en ligne) ou des apéros visios « chargés » ont entrainé certains à boire plus que d’habitude, et à y prendre goût ! Contrôler son instinct primaire n’est pas toujours aisé. S’il n’y a pas d’autorégulation, avec le retour sur les routes, le taux d’accidents (exceptionnellement bas le mois dernier) pourrait augmenter dangereusement. Il nous faudra veiller à ce problème qui pourra mettre la vie des uns et des autres en danger.

Un autre point de vigilance après ce confinement concerne tous ceux qui ont connu une situation financière difficile, la dépression voire les idées suicidaires est à craindre chez les personnes fragiles précarisées par l’arrêt de la vie économique (petits entrepreneurs, intermittents, certaines professions libérales…) Le covid 19 ne fait pas que des ravages physiologiques ! Les ravages psychiques sont tout autant à craindre. Et là encore cette notion de solidarité vécue pendant le confinement ne doit pas s’arrêter au 11 mai. D’aucuns m’ont dit qu’ils paieront deux fois leur coiffeur à leur prochaine coupe de cheveux, juste par soutien ! D’autres continueront d’aller rendre service à un voisin esseulé. D’autres respecterons un peu plus le travail invisible (le ménage des bureaux tôt le matin) les éboueurs, les soignants anonymes…La solidarité peut prendre de nombreux visages, on l’a vu depuis deux mois, ces visages doivent garder le sourire, et l’on ne peut que souhaiter que les formes de rejets de délation de mépris voire d’injures elles, s’éteignent avec la mi-mai…

Ce qui serait beau, oui, c’est que de ce confinement on en garde un « vivre-mieux », que l’on repense aux valeurs fondamentales d’une civilisation humaine plus juste, mais il se peut que cette réflexion soit très idéaliste et que le naturel ( ? ) revienne au galop.

Bon déconfinement (même si je doute que ce mot soit dans le dictionnaire) il trotte dans nos têtes !

Sylvie Etiève 05 05 2020

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Notes:

*Le syndrome de glissement est le changement d’attitude, de comportement d’une personne âgée, connaissant une soudaine perte d’autonomie. La personne qui était jusque là autonome perd le goût de la vie, et ne se lève plus ne se lave pas ne s’habille pas, mange peu ou pas. De plus , elle s’angoisse davantage et connait certaines peurs.

*« La richesse des liens sociaux, permet une meilleure santé. Les interventions sur le lien social sont plus importantes que les traitements médicaux. » (Jean Dominique Michel-anthropologue suisse)

*”compensation pour les malades, gratitude pour les soignants” André Comte-Sponville.

Photo: Delphine que je remercie pour ce cliché.

TEST covid – Confinement, acte deux.

 (conçu par Sylvie Etiève- thérapeute conseils- 16/4/2020)   

Nous sommes en confinement depuis plusieurs semaines, et d’autres sont à venir. Psychologiquement c’est une épreuve. Je vous propose un petit bilan personnel pour voir où vous en êtes dans votre « bien-être » et éventuellement prendre en compte ce qui va moins bien pour l’améliorer. Répondez simplement par oui ou non à ces 10 questions (notez le numéro de la question et votre réponse sur un papier, votre tel…)

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Depuis le début du confinement :

1 : Vous êtes sorti(e) chaque jour les dernières semaines (au moins 20 minutes) ? OUI (pratiquement) NON(et en plus je suis éloigné(e) de la nature)

2 : Vous avez pu parler, vous exprimer régulièrement sur vos ressentis ? OUI NON

3 : Vous avez programmé et réalisé au moins une chose que vous n’auriez pas faite s’il n’y avait pas eu le confinement ? OUI NON

4 : Calme, zen-attitude, sommeil de plomb,… : ça vous connait ? OUI NON (je suis stressé(e), anxieux(se) insomniaque, colérique, triste…)

5 : Vous êtes resté(e) constant dans vos consommations (café, alcool, tabac, sucreries, nourriture …séries, jeux vidéo, réseaux sociaux…) ? OUI NON

6 : Vous avez toujours eu le moral ? OUI NON (j’ai même des idées morbides ou je suis endeuillé(e))

7 : Vous avez découvert des nouveautés (télétravail, visio, jeu, site internet, visite virtuelle, actions ménagères, lecture, bricolage …) ? OUI NON

8 : Vous vous êtes senti(e) plus altruiste (solidaire) qu’égoïste (vous n’avez pris des nouvelles de personne, aidé personne…) ? OUI NON

9 : Vous avez essayé de respecter un certain rythme, garder certains rituels ? OUI NON

10 : Vous avez ri, souri, un peu chaque jour ? OUI NON

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Toutes les questions auxquelles vous avez répondu « non » doivent faire l’objet de votre attention. Donc vous pouvez essayer de remédier à ce qui peut éventuellement faire défaut dans ce confinement.

N’hésitez pas à y réfléchir (bravo d’avoir fait ce test) , à vous informer: (articles de conseils) , à inventer vos propres réponses, à parler avec vos proches ou avec des professionnels. 

N’hésitez pas à caler un RV!

NB: en plus de l’écoute gratuite, les visio-consultations se poursuivent.

On ne se supporte plus

Ou les difficultés du confinement en famille.

« On n’avait pas l’habitude de passer autant de temps ensemble, mais là avec le confinement, 24/24 sur le dos l’un de l’autre : ça devient insupportable ! »

En raison des restrictions sanitaires, dans l’urgence Mr et Mme V. sont obligés de rester chez eux. Et cela depuis plusieurs jours

Elle est enseignante, et, lui travaille dans un commerce (non alimentaire) qui est donc fermé. Sans s’y être préparés, ils se retrouvent confinés dans leur pavillon avec leurs deux enfants (8 et 13 ans).

Si les enfants ont pris l’annonce de la fermeture des écoles avec bonne humeur, avec le temps, les copains commencent à manquer -même si le jeune adolescent est dans un groupe WhatsApp avec des copains du collège- Ne pas pouvoir sortir de chez soi leur pèse et pourtant ils ont la chance d’avoir un petit jardin où ils peuvent se « débattre ».

Les premiers jours furent des jours d’adaptation, Monsieur et Madame V n’avaient pas la même interprétation des consignes. Madame essayait d’appliquer à la lettre les recommandations, Monsieur s’autorisait des sorties non obligatoires : aller faire un footing dans les espaces publics (très vite fermés) passer voir des amis (bien sûr sans les toucher) faire des courses « à volonté » histoire de prendre un peu l’air. La simple différence d’interprétation des consignes était déjà source de tensions.

Et puis très rapidement la logistique s’est imposée comme seconde source de conflits. Habituellement le midi (sauf week-end et vacances) chacun mangeait sur son lieu de travail ou d’enseignement. Cantine, self pour les enfants cafétéria pour Monsieur et panier repas pour Madame.

Là c’est la prise de tête : il faut des idées, faire les courses pour avoir des stocks en adéquation avec les idées, du temps pour cuisiner, manger ensemble (même si l’ambiance est parfois tendue), laver, ranger, et ça recommence deux voire trois fois par jour : et le petit déjeuner qui traine encore sur la table à 10h du matin… exaspération…

Et ça ce n’est que côté repas !

Le rangement de la maison… Madame est plutôt « rien ne doit traîner » Monsieur plutôt « de toutes façons personne ne viendra voir… » donc ça explose : « déjà que l’on n’a pas choisi d’être confiné, si en plus il faut vivre dans le bazar, ça va être invivable ». Presque malgré eux, et assez rapidement ils s’en prennent aux enfants, le regrettent très vite, « mais il y a un minimum à respecter quand même » Elle n’a même pas le temps de coudre, elle qui aime ça.

Les enfants vont parfois être les vecteurs de ce malaise, ils vont servir de fusibles, bien qu’ils n’aient rien demandé eux non plus !

En plus il faut leur faire faire leur devoir. Madame elle-même enseignante en maternelle n’a pas autant de contraintes de télé-enseignement que ces collègues de niveaux supérieurs. Donc de fait, Monsieur lui alloue cette tâche d’instruction, « normal c’est son job ». Oui pourquoi pas : mais ça n’a rien à voir entre enseigner à une classe d’enfants qui ne sont pas les siens à des heures conscrites et dans un cadre dédié à cela que de pousser ses enfants à faire ce travail.

Les trois premiers jours, il fallait prendre le rythme, mais bon ça allait, puis petit à petit les efforts se sont émoussés de part et d’autres. Connexion pas toujours facile avec les profs du collège. Les tutoriels et les « classes à la TV » ça aide mais si on s’échappe … ce n’est pas interactif ! De plus le plus jeune n’est pas très scolaire, il se déconcentre très vite, papillonne. Et Monsieur qui « en rajoute » en disant « Bâ quand tu en as 25 tu t’en sors bien et là à 2 ça traine ?» elle se défend : « Tu n’as qu’à t’y coller si ça ne te convient pas . Et puis de toutes façons même s’ils lèvent le pied quelques jours, ils ne terminent pas les 2 mois de vacances d’été moins intelligents, donc, relaxe » !

On sait que l’éducation des enfants est une des cinq premières sources des conflits[i] dans un couple en temps normal, alors là en ces temps anormaux ce ne sont plus des sources mais des torrents !

Heureusement en surfant un peu sur le net, notamment ici : Madame puis Monsieur V réagissent! Ils essaient des petits conseils pris çà et là. D’abord ça les a rassurés de lire que ces tensions et ces disputes étaient à peu près normales. Ce temps de confinement-là n’était pas planifiés, il est arrivé, brutalement avec un côté injonctif qui n’a laissé indifférent personne, une sorte d’atteinte à la liberté, à leur liberté. En plus il y a l’aspect anxiogène de la situation. Impossible d’ouvrir un canal d’info sans qu’on nous parle, de la progression du virus-ennemi, de guerre, des morts, de consignes, d’hôpitaux de réanimation, oui ce confinement bouleverse la vie quotidienne mais aussi leur état émotionnel. Ils sont moins patients, plus inquiets l’idée de la maladie de la mort rodent et c’est d’autant plus stressant que l’on se sent impuissant, néanmoins ils sont en bonne santé et leur entourage aussi. Et puis des blagues circulent des réseaux solidaires se mettent en place : ça positive le contexte.

Néanmoins, tout le monde n’a pas la même capacité d’adaptation comportementale. Certains sont plus réactifs plus efficients à la situation de confinement que d’autres qui sont plus dans une forme de déni ou de sur-stress. On sait que d’un côté le nombre de divorces et de séparations va augmenter mais aussi qu’il y aura peut-être un baby-boom dans une dizaine de mois !

Ils ont appris que le confinement est incontournable mais que la manière de le vivre dépend de chacun, et surtout, avant que ça ne se dégrade trop, ils se sont informés, ils ont pris de la distance, ils ont accepté toléré la situation et leurs humeurs. Et surtout ils ont parlé de cette pression qui montait insidieusement : des soupirs, un mot de trop-ou de pas assez-dans une phrase, un repli trop long sur les réseaux sociaux, un regard ou justement un non-regard, un reproche, une dispute… l’alchimie parfaite du couple en cocotte-minute prête à imploser… ils ont réussi à enlever la soupape avant l’implosion, tout en étant conscient que la suite ne serait pas linéaire.

Le contexte matériel différent pour chacun, Mr et Mme V ont vraiment pris conscience que d’avoir un jardin était un luxe : ils se sont mis à l’apprécier à le voir différemment. Il était un peu laissé pour compte ils vont y passer du temps pour y souffler, y goûter, pour l’arranger.

Et dans la foulée ils vont prendre soin de leur propre jardin intérieur !

(Article de Sylvie Etiève- 26 mars 2020)

Retrouvez tous des conseils pour vivre ce confinement ici

Extrait:

covid15 : SPÉCIAL COUPLE

*Ce n’était pas prévu de passer autant de temps ensemble: donc c’est compliqué: on accepte cette dose de stress.

*Et puis il y a le côté « pas de contacts qui est dans l’air » qui n’arrange rien.

*On se retrouve en face à face et ce pour un long moment (sauf pour ceux qui sont obligés d’aller travailler pour la santé, l’information, l’alimentation des autres)

*Pas facile donc. Des choses vont se révéler: on note déjà dans d’autres pays des divorces annoncés et à l’autre bout de la ligne on prévoit un babyboom d’ici 9 ou 10 mois: Donc pas de réponse générale.

*Néanmoins c’est une occasion pour mieux se connaitre, vivre des moments inédits, se faire des petites surprises.

*On peut en profiter pour faire le point, faire des projets, se souvenir d’anciens moments.

*On peut faire des jeux pour voir si l’on connait bien l’autre couple.

*Faire de nos différences une force pour traverser cette crise. Si l’un est plus ordonné et l’autre plus fantaisiste: s’appuyer dessus sera un atout.

*Et si, par moment l’on ne se supporte plus car les tensions sont exacerbées : on prend le large (enfin le semi-large) on s’isole dans une pièce, on sort (si jardin) on va faire un tour-acheter le pain avec son attestation, on appelle quelqu’un pour se changer les idées, on prend un livre on regarde un film.

*Ce moment va dépendre de ce que vous allez en faire. Une même réalité presque pour tous : le confinement : mais des conditions tant matérielles humaines que psychologiques différentes à gérer. Les optimistes seront plus faciles à vivre que les rabat-joie. Mais souvenez-vous bien que l’on peut toujours changer : changer c’est le propre de l’humain !

 « Savoir apprécier de vivre avec moins, nous permettra sans doute, de vivre mieux avec plus ? » SE


[i] Les cinq sources de conflits dans un couple sont le plus souvent : L’argent, le sexe, l’éducation et la discipline, la famille élargie (belle-famille), les tâches ménagères.

*Si vous êtes dans une situation de violences conjugales faites le 17 ou le 3919 ou rendez vous dans une pharmacie.

VIVRE SEUL(E)


Qu’on l’ait choisi ou que ce soit suite à un accident de la vie : vivre seul(e) entraîne un certain nombre d’interrogations de part et d’autres !

Les célibataires :

Environ 1 adulte sur 3 est célibataire en France* : sur 67 millions de Français cela  représente 18 millions de personnes : plus d’hommes que de femmes (souvent des femmes très actives).

L’évolution de notre société dans les années 70/80  a même transformé certains modes de production. Avec la montée de l’individualisme et l’augmentation du nombre de célibataires: des portions alimentaires individuelles ont été produites par exemple.

Les sites de rencontre se sont multipliés également, internet en a permis la propagation et a donné à bon nombre de personnes la possibilité de trouver l’âme sœur.

Si la plupart des célibataires vivent en ville, une émission célèbre d’amour potentiel  a souligné l’isolement de certaines personnes en milieu rural, dans les près. 

Mais certaines personnes restent célibataires par choix: elles se suffisent à elles-mêmes mais elles mènent une vie sociale riche : leur caractère d’indépendance et leur envie d’autonomie les ont poussées à être en tête à tête avec elles-mêmes, de façon permanente.

 

Il faut juste être attentif à ce que ce célibat ne soit pas une résultante d’une phobie sociale, parfois liée à un événement traumatique dans la relation aux autres.

Et puis il y a le regard des autres : les paroles maladroites, les incompréhensions, les suspicions dont il faut se préserver :

pas toujours facile! 

Se retrouver seul(e) !

L’autre situation  résulte malheureusement d’un accident de la vie : séparation ou décès du conjoint.

Bien sûr les deux situations n’ont pas les mêmes répercussions.

Suivant l’âge, suivant la configuration familiale, le réseau social, la santé, la vie professionnelle, et les intérêts vivre seul(e) ne se conjugue pas de la même manière.

C’est du cas par cas, de plus cela évolue avec le temps. Que veut dire “vivre seul(e)” si l’on est une jeune famille monoparentale ? Certainement pas la même chose que si l’on est un veuf de 80 ans ni même si l’on est un étudiant perdu dans une ville inconnue (la solitude des étudiants est un réel problème) !

Il y a 5 millions de veuves et veufs en France (dont 500 000 âgés de moins de 55 ans).

En tous cas : quelle que soit la situation : le fait d’être seul(e) -ou le seul adulte-  demande une certaine vigilance :

* Prendre le temps d’assimiler l”événement qui nous a mis dans cette situation , prendre soin de soi par rapport à l’événement souvent “traumatisant” que l’on vient de vivre : ne pas brûler les étapes !

Et puis il y a ce vide cette absence qu’il faut adopter !

Pas toujours facile!

*Faire le point avec soi-même pour bien se connaître : repérer les moments critiques où vivre seul rime douloureusement avec “solitude” ou “isolement” pour essayer de les  parer. Par exemple rentrer le soir chez soi, passer un dimanche sans trop de projets, manger seul à sa table : évoquer tous ces moments avec quelqu’un et trouver des astuces : écouter de la musique en rentrant, certains sont au téléphone, faire l’effort de trouver une sortie à faire le dimanche : aller voir des amis, ne pas négliger le temps du repas même si l’envie est moindre : apprendre à manger en pleine conscience ou trouver une compagnie médiatique (radio, tv …)

*Anticiper : la sécurité ne doit pas vous obnubiler mais il faut la prendre en compte : connaitre ses voisins, protéger les accès, fermer les portes, ne pas laisser traîner une échelle dans le jardin surtout si l’on a la fâcheuse habitude de laisser les fenêtres de l’étage entrouvertes,  avoir des numéros de téléphone et avoir donné le sien. Avoir une personne référencée si l’on est alité.

*Garder le rythme : ce n’est pas parce que l’on est seul que l’on doit se laisser aller : il parait que les personnes qui font leur lit tous les matins  sont des personnes productives et qui ont une bonne estime d’elles-mêmes.

Oui mais il faut TOUT faire chez soi quand on est seul !

Pas toujours facile!

S’habiller, se soigner bien s’alimenter, dormir suffisamment ,éviter trop d’écarts, ranger, faire le ménage, ne pas procrastiner… demandent un peu plus d’effort quand on est seul car nous n’avons pas le retour de “l’autre” : en même temps c’est une liberté : personne pour vous juger : néanmoins il faut faire attention à ce que rien de négatif ne s’éternise ne s’enlise !

Décorer son intérieur ou  faire des petits changements booste !

Et puis il y a cette espèce de culpabilité qui nous habite : et si …

Pas toujours facile!

Le  nesting ( ou cocooning) fait du bien parfois : rester chez soi dans un “nid douillet” : un plaid, une boisson chaude, un bon roman ou un bon film permet de se recentrer sur soi : de récupérer.

*Mais Aller vers le monde est une nécessité absolue : inviter des amis, sortir de chez soi pour prendre l’air, mais aussi pour rencontrer du monde, voyager, s’informer sur ce qui est proposé  vers chez vous. Vous connaissez votre centre d’intérêt ? alors chercher ce qui se fait à ce propos autour de vous : le mieux est le bouche à oreille mais dans certaines régions on peut passer par les soirées meetup  pour parler de sa passion, mais il y a nombre d’associations qui ne demandent que ça de vous accueillir ! Investissez-vous ?Pourquoi pas ?

Et puis il y a cette confiance en soi qui peut s’altérer, son inquiétude pour l’avenir !

Pas toujours facile!

Avoir un animal de compagnie permet aussi de se sentir moins seul(e), cela oblige à s’en occuper voire à lui parler, mais c’est une contrainte aussi que certains ne sont pas prêts à accepter.

Et  discuter : parler fait un bien fou ! même par messagerie : recevoir des paroles gratifiantes rassurantes et en donner permet d’avancer (*).

Et puis rêver, créer, oser, abandonner ses a priori ou ceux que l’on colle aux autres, faire preuve de fantaisie, se sourire à soi-même, aller vers les gens : tendre la main le premier, dire “bonjour” … revoir sa posture donne parfois des surprises !

Et puis on ne sait jamais, peut-être qu’au détour d’une conversation, d’un sourire, un nouveau chapitre s’écrira et que le temps du “solo” changera de mode !

Sylvie Etiève

                            Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. 
                             Alphonse de Lamartine L’isolement (1815-1820)

(*) Une de mes amies (trop dramatiquement et précocement veuve) me raconta l’événement suivant. Alors que ses enfants venaient passer le week-end chez elle, en leur donnant des nouvelles des aléas de sa vie, les larmes ont coulé … Alors sa chienne couchée un peu plus loin s’est mise dans tous ses états et elle s’est empressée de venir s’accoler à sa maîtresse, elle  a  posé son museau sur ses  genoux. Son fils a alors dit « Notre chienne : c’est une véritable éponge à émotions ! » Et les rires ont séchés les larmes.

Mettre des m o t s sur les m a u x détend souvent l’atmosphère : alors à l’image de cette petite anecdote :  parlez, pleurez, riez et parlez encore !

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Si vous le souhaitez venez participer à cet atelier de discussion  ou laissez un commentaire  :L’image contient peut-être : texte

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

*https://www.lacse.fr/combien-de-celibataires-france/

 

 

Larcin au cimetière: une blessure psychologique

De la tristesse sur de la tristesse.


22 juillet 2019

Pascale*… blessée. D’avoir constaté que des personnes indélicates aient pu voler au cimetière ce que ses(nos) petits-enfants avaient mis avec leur cœur à leur PapiJ 😢

Voir un tel post sur un réseau social entraîne bien du chagrin !  Émerge aussi un sentiment de peine partagée avec la personne qui a vécu l’outrage à la mémoire du conjoint, père, grand-père tant aimé.

Les messages de soutien d’amitié s’enchainent sous le post, ce qui encourage et réconforte l’amie (ou la connaissance) qui a eu le courage de partager sa tristesse avec son entourage virtuel ou réel.

Des amis se disent de tout cœur avec Pascale qui les remercie chaleureusement.

Certains ont vécu la même offense et partagent intimement ce ressenti, parfois ils ne trouvent pas les mots et restent sans voix, tant, ces actes sont indécents et irrespectueux, Pascale est modérée elle les dit « indélicates ».  

Des réactions plus coléreuses (voire injurieuses) s’ajoutent et les auteurs trouvent cet acte inadmissible et demandent même des punitions.

Punir les auteurs de tels vols, fleurs, plantes, petits cadeaux souvenirs, la loi le prévoit (les vols à la roulotte ont aussi souvent lieu dans les voitures sur les parking le temps du passage au cimetière).

La mairie peut être avertie, car, si les signalements sont répétés elle peut essayer de renforcer la surveillance, en demandant des patrouilles plus régulières près du cimetière, en ne laissant qu’un portail d’accès (plus facile à surveiller). Dans certaines communes des habitants se concertent pour échelonner leurs visites et « être vigilants » aux aller-venues. Dans d’autres des caméras sont demandées, mais par ailleurs, se savoir filmé enlève une certaine intimité non ?

Déposer une main courante peut se faire aussi. Si le vol est déclaré l’assurance peut proposer une prise en charge des objets volés (sur facture). La loi prévoit une amende maximale de 45 000€ et une peine de prison pouvant atteindre les 3 ans, et heureusement que ces garanties existent car certains voleurs n’hésitent pas à revendre des plaques, des porcelaines … des urnes funéraires !! Jusqu’à 135 Kg de laiton/bronze ont été dérobés par un couple dans la Somme (sous forme de statuettes, de croix…) un véritable recel découvert par les services d’ordre. Le conseil qui est donné est de faire graver ces objets, devenant ainsi plus difficilement revendables.

Evidemment si les malfaiteurs sont retrouvés : cela consolera peut-être ceux qui de toutes façons ont déjà perdu ce qu’ils avaient de plus cher, leur proche ?

Et peut-être même pas : le mal est fait ! le mal est dans le geste, l’acte même puni resterait blessant, car exécuté !

Et la loi, les sanctions n’y pourront rien contre la blessure psychologique, la peine et l’indignation engendrées, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un petit cadeau sans valeur pécuniaire mais d’une valeur affective inestimable : comment ne pas être meurtri, blessé ?

Blessés nous sommes, lors de tels actes car oui, il y a violation et abus de confiance, les cimetières sont des lieux publics fréquentés par des endeuillés qui en apportant leur offrande veulent continuer de tisser le lien avec l’être aimé, l’être parti, parfois trop tôt, trop brutalement ! Et ce lien est intercepté, tranché par des malfaisants !

Et cet acte nous renvoie à tout l’abime qu’est le manque de l’autre.

Son incapacité à ne plus pouvoir nous aider !

Cette violation de ce périmètre personnel nous renvoie à notre impuissance, à notre culpabilité, parfois même à une idée d’abandon qui nous taraudent.

Certains disent que ce sont des faits d’enfants, peu y croient !

Existe-t-il encore le temps où les enfants se racontaient des histoires à faire peur près ou dans les cimetières, à attendre l’apparition des feux-follets ?

D’autres restent dans l’incompréhension : « comment peut-on faire ça ? »  et ne voient pas, ce que voler dans un cimetière puisse apporter.

Et, sans doute que la question pivot est dans ces mots ?

Comment peut-on faire ça ? 

Alors bien sûr il y a ceux qui font ça pour receler, revendre.

Il y a ceux qui font ça, comme cette femme dans le Finistère qui vole régulièrement des dizaines de pots de fleurs : par pulsion maladive.

Il y a ceux (parfois sans trop de ressources) qui n’ont pas l’impression de voler, ni de faire mal, mais simplement de « déplacer » les fleurs d’une tombe à une autre.

Il y a les accidentés de la vie, ayant vécu des traumatismes; et ceux qui dysfonctionnent car ils n’ont pas reçu les bases éducatives indispensables et peut-être manqué d’amour tellement nécessaire dans la construction d’une personnalité stable et respectueuse.

Alors Pascale, il faut se rassurer en se disant que vos petits-enfants ne font pas partie de cette catégorie de personnes à la marge.

Ils apportaient une petite offrande à leur Papi, certains ont nui à leur démarche (par jalousie, indélicatesse, mal-être) : c’est moche, surtout pour les auteurs qui ne connaissent sans doute pas le bonheur d’avoir une mamie comme vous !

 Plus tard, forts de cette triste expérience, vos petits-enfants seront encore plus sensibles à ces méfaits. Ils seront peut-être des veilleurs auprès des leurs.

Pour finir, au-delà de l’offense exprimée dans votre post, on peut lire que ce grand-père était profondément aimé, que leur grand-mère les entoure chaleureusement et que c’est une véritable chance pour eux que de vous avoir ou de l’avoir eus. Pour vous aussi c’est un cadeau de la vie que d’avoir la chance d’être entourée d’eux, on connait tous des personnes souffrant d’abandon. Alors merci d’être qui vous êtes et d’avoir posté ce message de souffrance, car, à plusieurs le poids s’allège.

Merci de votre lecture.

Sylvie Etiève

*Le prénom a été modifié.  

Maman solo et malade

« Dans ma maladie, je repense à ma grand-mère qui m’a transmis beaucoup de repères. Je me souviens, petite fille, de l’avoir accompagnée à la Pitié salpêtrière et j’adorais ça. Je prenais le train avec Mémé, elle m’achetait le meilleur Paris-Brest dans la boulangerie à côté de l’hôpital. Dans la salle d’attente je lisais avec elle le nouveau livre de la collection « j’aime lire » (si je ne me trompe pas, c’est vieux !) qu’elle avait acheté. J’étais si fière de l’accompagner et je la trouvais tellement belle avec son chapeau et sa voilette, je n’ai jamais senti le moindre stress autour de sa maladie. C’est exactement ça que je dois créer avec mes enfants, créer cette atmosphère. » (mai 2019)


Voici le témoignage d’une de mes patientes -Mélody[1]– pour qui et avec qui je rédige cet article. Un vieil adage dit « un malheur n’arrive jamais seul » et pour Melody, il s’applique. En plus d’une séparation plus que compliquée, elle a perdu son papa il y a quelques mois, ils en sont encore tous bouleversés et … elle vient d’apprendre qu’elle est atteinte d’une maladie grave, une tumeur[2] assez rare qui va la conduire vers une opération à haut risque de plus de huit heures.
Comment en plus de la douleur physique réussir à mettre un contexte en place le moins anxiogène possible pour ses trois enfants de 8 à 16 ans ? Quels sont les piliers qui permettent de jalonner une telle épreuve ?


« A travers cette expérience, je peux vous exprimer toute la difficulté d’être une maman solo en étant malade. En fait on pense à ses enfants avant toute chose.
Je suis très inquiète pour mes enfants et pour leur avenir.
Je ne veux pas qu’ils viennent à l’hôpital, ce n’est pas un lieu pour eux et malgré une volonté et une rage de vivre pour mes enfants, le fait d’affronter la maladie seule c’est très dur.
Je ne sais pas comment aborder le sujet avec eux je crains d’être maladroite, qu’ils aient peur car on va me raser la tête… et je ne peux le demander à leur père avec qui les relations sont très difficiles.
Je programme des vacances avec eux, leur offrir les plus belles vacances de leur vie comme s’ils n’avaient pas une maman malade.
C’est très difficile de décrire tout ceci émotionnellement car un mot revient à répétition c’est la peur.
Néanmoins j’essaie d’anticiper la suite, de supporter la douleur, tout en gardant la joie, la bonne humeur, des sorties et profiter de chaque minute, chaque instant. »

A la place de Mélody, nous aurions, en tant que parent les mêmes peurs. La peur est une émotion forte, qui ne se contrôle pas. Mais au travers des propos de cette courageuse maman on retient que le plus important c’est de prendre cette peur en considération et de voir point par point ce que l’on peut faire pour (autant que faire se peut) se rassurer et rassurer les enfants et les proches aimants.

Un soutien affectif est le premier pilier sur lequel on peut s’appuyer : la famille (même via internet qui gomme un peu la distance), des amis proches, en tout cas des personnes à qui l’on fait confiance et en qui les enfants ont confiance !

 Autant Melody a apprécié les « voyages à la Salpêtrière avec sa grand-mère », autant elle ne souhaite pas que ses enfants fréquentent l’hôpital*.  Chacun est libre de choisir (parfois pas) mais la piste est sans doute dans l’attitude de la grand-mère de Mélody : de la prévenance, de la douceur, de la fantaisie, de l’imaginaire, de l’humanité dans les passages parfois obligés dans ces lieux de soin pour la famille, pour les enfants. Evoquer la maladie est nécessaire, les plus jeunes parfois extrapolent (empirent parfois) il est bon de les écouter et les guider* de les rassurer, de leur parler des événements avec les vrais mots. Le « faire comme si » peut donner un peu de force mais ce n’est pas la réalité, « faire avec » est incontournable. D’ailleurs Mélody fait « avec » et c’est un formidable exemple de courage qu’elle donne aux enfants. La preuve dans un de ses messages. Mélody avait prévu de venir à une de mes balades sylviques mais suite à une nuit quasi blanche, impossible- pour elle le matin de prendre le volant, elle m’écrit:

« Pardonnez notre absence ce matin. Mon fils aîné m’a avertie qu’il vous avait prévenue pendant que je dormais. Je mets quotidiennement sur le frigo l’organisation du lendemain avec les numéros de téléphone. C’est une des nouvelles stratégies que je mets en place vu que ma tumeur influe sur la méninge gauche. J’ai eu énormément de douleur orbitaire et des migraines, et j’ai donc peu dormi. Je suis profondément navrée car j’aurais aimé à travers cette promenade que vous fassiez la connaissance de mon fils aîné. J’essaie de mettre de nouveaux repères extérieurs à mes enfants, ils doivent découvrir la beauté de la vie. J’espère que nous aurons l’occasion très vite de faire enfin cette balade. »

Acceptation de la réalité, nouvelles stratégies, responsabilisation, ouverture sur le monde, espoir, projet sont les éléments qu’utilisent avec intelligence Mélody et elle va plus loin :

« En fait j’ai peur pour leur avenir, j’ai peur qu’ils décrochent de l’école. Pour l’instant je suis dans l’anticipation de l’avenir des enfants. Je dois continuer d’assurer à emmener ma fille à la danse, trouver des concours de Belote pour mon fils aîné. Apprendre à un de mes fils à monter à cheval comme il le souhaite.
Dieu merci j’ai le soutien du Dr P. et de Monsieur B. avec qui je pratique l’EMDR[3]. J’ai pris rdv avec mon assistante sociale pour connaître mes droits niveau MDPH[4] et aussi si je pourrais bénéficier d’une aide-ménagère après l’intervention et peut être d’une aide familiale. Pour les enfants, ils acceptent le suivi avec une psychologue, nous en avons parlé samedi justement. Je leur ai expliqué les bienfaits d’avoir une personne extérieure à qui ils pourront exprimer leurs émotions. »


La deuxième piste qui émerge de la suite du témoignage de Mélody gravite autour de l’aide psychosociale : se faire accompagner par des professionnels : médecins, psychothérapeute, enseignants, assistants sociaux, éducateurs, sécu, mutuelles , organismes, associations, taxi … l’institution peut apporter des soutiens et les  professionnels vont aider au fur et à mesure à trouver les mots justes pour parler de la maladie, de ses conséquences (changement d’apparence, fatigue, absence…) et des moyens de vivre avec : mettre des jolies foulards ou pourquoi pas un chapeau à voilette, apprendre à prendre soin de l’autre, avoir des personnes de références. Parler fait beaucoup de bien et permet de délester certaines angoisses. La littérature pour la jeunesse peut aider aussi[5]. Ce suivi n’enlève rien à la dureté de la maladie qui injustement s’impose, il peut permettre de canaliser une certaine colère ou de panser la tristesse qui peuvent surgir, cet accompagnement permet de surveiller, si, ne se surajoutent pas une déprime voire une dépression, surtout lorsque les enfants sont adolescents.

L’accompagnement psychosocial est un pilier lors de ces terribles moments : mais il demande beaucoup d’énergie (et les stocks sont plus rares) et surtout, comme Mélody le fait pour ses enfants, il faut continuer à distiller ses propres valeurs : elles seront le socle des futurs adultes qu’ils seront demain, j’y reviendrai.


« Je mets donc actuellement beaucoup d’organisation autour d’eux et les écoles sont informées de mon état de santé et de l’intervention pour justement repérer le moindre mal être des enfants. Ma sœur les entoure beaucoup même si ce n’est qu’à distance. Maintenant je dois avant tout trouver des solutions pour œuvrer sur l’avenir de mes enfants. Protéger leur équilibre psycho-affectif. Protéger leur patrimoine. J’ai pris rendez-vous avec mon notaire pour aussi protéger leurs intérêts, et même si je suis persuadée qu’on va s’en sortir et que nous serons grandis de cette épreuve, j’ai anticipé mes éventuelles obsèques. »[

Le cadre juridique est le troisième pilier d’une telle situation. L’aide des services légaux et administratifs s’avère nécessaire. D’autant plus quand il y a séparation des conjoints, qui plus est conflictuelle. Envisager ses obsèques, la vie de ses enfants après sa mort est certes triste mais ne fait pas mourir. Nous le savons tous, la mort est la seule issue à la vie- le plus tard est le mieux – ; mais ce sujet parfois ô combien douloureux voire tabou ne nous permet pas de l’évoquer avec sérénité. Et encore moins lorsque la maladie et les risques chirurgicaux qu’elle peut entraîner, rodent. Alors il faut redoubler de courage et pour pouvoir passer à autre chose, traiter « les situations matérielles » successivement. Faire l’inventaire de ses biens. Savoir que tous les enfants seront héritiers, même s’il en est né d’une autre union. De plus, suivant l’âge des enfants (majeurs ou mineurs), il faudra penser à désigner un tuteur aux plus jeunes. Réfléchir à faire des legs ou pas, testament ou pas, dernières volontés ou pas.

Et puis, malgré la douceur qu’on peut y mettre, parler des directives anticipées est très troublant, mais peut rassurer ou guider chacun. Surtout que les directives sont toujours modifiables[6].

Je souhaiterais revenir et terminer cet article à deux voix par un dernier pilier[7] qui de façon circulaire rejoindrait le premier pour étayer ce pont permettant de traverser cette épreuve « être maman solo et gravement malade ». Le pilier le plus impalpable : Le pilier des valeurs et des aspirations. Transmettre ses valeurs, dire ce à quoi l’on croit (pas forcément de façon spirituelle), ce qui nous parait être l’essentiel dans la vie et apprécier chacun des moments présents des plus intenses en efforts d’adaptation demandés au plus gourmand. Et pour appuyer et conclure cet article sur cette note d’amour libre de toutes frontières spatio-temporelles, je laisserai conclure Mélody qui sait si bien en parler :

« En fait y’a tellement à faire… Tellement à leur apprendre… Leur montrer que la vie est belle même s’il y a des épreuves. Leur apprendre la détermination, tout en gardant le sourire, tout en riant avec eux.  Surtout par-dessus tout leur apprendre le respect d’eux-mêmes, la confiance, l’amour et l’amour de la vie.J’ai été hospitalisée en urgence, et l’on m’a parlé d’AVC ou d’hémorragie cérébrale possibles, désormais je sais que ça peut arriver, j’appréhende ce risque, alors on s’organise. Maintenant nous avons un sac tout prêt avec les vêtements des enfants en cas d’urgence médicale, les numéros à joindre sont affichés !   Ici chacun fait des efforts : joue tranquillement. Et puis … demain on va manger un méga-hamburger maison !! Mes enfants sont le sens de mon existence, ils sont la vie, l’espoir, le soleil, la joie. On n’imagine pas comme l’amour qu’on porte à nos enfants est plus fort que la douleur, plus fort que tout. Il faut tellement les aimer de façon inconditionnelle : Les aimer encore plus fort que jamais comme si demain n’existait plus.»[8]


Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible.
Antoine de Saint-Exupéry

Notes

1 : Mélody est un prénom d’emprunt pour l’article.

2 : Tumeur qui s’appelle Méningiome spheno orbitaire

3 : EMDR= Les initiales EMDR signifient eye movement desensitization and reprocessing c’est-à-dire désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires. http://www.emdr-france.org/web/quest-therapie-emdr/

4 : MDPH= maison départementale des personnes handicapées

5 : La psychothérapeute, Hélène Romano, explique que pour les enfants la mort est réversible, contagieuse et ne touche pas tout le monde, il faut donc prendre le temps d’expliciter ces trois points : la mort est irréversible, elle n’est pas contagieuse et elle est universelle. https://www.youtube.com/watch?v=-vEsbBF9PTY

6 :  Directives anticipées : il s’agit de dire à son médecin où à ses proches ce que l’on souhaite pour sa fin de vie.

https://solidaritessante.gouv.fr/IMG/pdf/fichedirectivesanticipe_es_10p_exev2.pdf

7 : NB: cet article n’a pas pour ambition d’être exhaustif mais seulement de se baser sur un témoignage, appuyé d’une humble analyse. Je l’ai écrit suite au touchant message suivant de Mélody :

« J’ai lu beaucoup d’articles sur votre blog qui tournent autour de ce rapport parent-enfant. Ça aide tellement. Ces écrits sont précieux et peuvent aider beaucoup de lecteurs car ils sont écrits avec sincérité et ils font frissonner. Certaines personnes n’ont pas le courage de franchir la porte d’un psy ou thérapeute et vont rechercher des informations sur le net à leurs interrogations. Je le sais car malheureusement j’en vois beaucoup à travers mon travail. Et même nous simples parents, on va trouver des mots réconfortants, des solutions, des compréhensions sur nos enfants. Ça a du sens. Si vous avez besoin de moi pour votre article et même de raconter ce combat vous pouvez compter sur moi bien évidement si cela peut aider d’autres parents. Ma grand-mère était une femme merveilleuse et quelque part, vous allez lui rendre hommage.  Merci pour tout. »

Nous lui avons rendu hommage, hommage que je vous rends également Mélody.

Merci à vous.

8 : Le jour (12/6/19) de la publication de cet article Mélody m’envoie ce message : « Aujourd’hui c’est une nouvelle IRM, j’y vais avec Paul mon chauffeur de Taxi. Paul accompagnait mon père pendant sa maladie. Ma fille vient avec nous ; pendant l’IRM Paul va l’emmener manger une glace. » … la boucle est bouclée.

Octobre 2019

Août 2020: j’ai revu Mélody, en forêt, dynamique, vive, positive, transformée par cette terrible expérience bien sûr mais tout en beauté. Son goût pour la vie (elle qui est passée si près de la mort: arrêt cardiaque pendant l’intervention) s’est décuplé. Son attachement est toujours là, sensible, et son envie de rendre possible son avenir est certain ! Bravo Mélody et encore merci pour ces échanges.

Le couple : le divorce – Le couple ses fondements


Etant invitée sur France Bleu dans l’émission “les experts” le 30 avril , Patricia Darré et Manuel Bonnefond m’avaient demandé d’aborder “le couple et le divorce”.

https://www.francebleu.fr/emissions/les-experts/berry/les-experts-de-france-bleu-berry-52

Je vous propose d’approfondir et d’élargir le contenu de cette émission dans cet article si cela vous intéresse.

Le divorce 

Même si la loi l’autorisait depuis  1792 seulement 1% des couples  divorçaient en 1950. Les couples étaient un peu emmurés dans leur fonctionnement. La révolution (notamment sexuelle) de 1968 a libéré les mœurs, puis les lois concernant la contraception et l’IVG ont également influencé les états d’esprits.   

Aujourd’hui 350 divorces sont prononcés par jour en France ! La progression est constante,  il y a 4 fois plus de divorces aujourd’hui qu’en 1970.

L’infidélité est la première cause des divorces, mais pas la seule puisque l’égoïsme du partenaire en est la seconde, puis le mauvais caractère, les comportements abusifs et les désaccords concernant l’avenir.

Contrairement au passé, dans les 3/4 des cas ce sont  les femmes qui demandent le divorce aujourd’hui : la naissance plus tardive du premier enfant (en moyenne à 31 ans),  l’accès au travail les  a rendues plus indépendantes : dans 80% des situations elles obtiennent la garde des enfants. Les hommes divorcés ont en moyenne 42 ans et les femmes divorcées 44 ans.

Conséquence de cela : plus de 1,6 millions d’enfants vivent aujourd’hui dans des familles recomposées : Près de 8% des familles françaises sont des familles recomposées.

Et pourtant, même si le nombre de mariages a considérablement diminué, même si les statistiques montrent que 45% des couples divorcent : 2 couples se marient toutes les 3 minutes en France2 : c’est notable !

Et c’est, sans parler des couples qui se pacsent ( en mairie maintenant) ou qui s’installent en concubinage (sans formalité) . Couples qui se font et se défont de la même manière, bien, que les statistiques ne soient pas si simples à réaliser que pour les couples mariés.

Aujourd’hui les formes de couples sont d’une grande variété :

Cela va du couple orthonormé, reconnu et identifiable (avec au sans enfant ) aux nouveaux couples: comme les couples qui font appart’ à part –plus d’1 million de couples ne partagent pas le même toit ( 8 % font chambre à part )- ou ceux qui pratiquent  le staching  c’est à dire qu’ils sont en couple mais ne le disent à personne : ni à leur famille ni  à leurs amis ni sur les réseaux sociaux,  aux couples (nombre infime) échangistes ( pratiquant par exemple le poly-amory grâce notamment à l’impact des réseaux sociaux) voire aux couples qui restent ensemble pour les enfants mais qui n’ont plus de vie conjugale commune.  L’anthropologue Philippe Brenot dit que l’on assiste à une crise du couple, que la sexualité est aujourd’hui distinguée du couple, que la culture de l’individualisme et de l’idyllique pousse des personnes à favoriser leur vie d’homme ou de femme. Le couple est pour lui l’école de l’altérité (apprendre l’autre) et de l’humanité : accepter l’autre tel qu’il est et non tel que l’on voudrait qu’il soit ! L’amour c’est merveilleux mais aussi douloureux.

Le pardon peut-être une chance dans un couple.

Les conflits

Une vie de couple n’est pas linéaire et la crise est inhérente à son déroulé. Après une crise, soit le lien amoureux est re-tisser, parfois même consolidé, soit, si les conflits et les crises s’accumulent et que la désillusion s’installe,  le lien peut se rompre.

Les causes des conflits sont le plus souvent : l’influence familiale, la jalousie, le mensonge, la désillusion, le malentendu, la fierté, l’orgueil, la différence de point de vue (éducation), les relations sexuelles ou les problèmes de communication. Ce qu’il faut c’est comprendre le sens du conflit, et éviter de les aggraver en voulant toujours avoir raison, et en les niant 4 .

Les conflits ont des conséquences sur les conjoints et sur les enfants :

Chez les conjoints s’installent :  la méfiance, le manque de confiance, l’isolement (vivre comme des étrangers, et ne plus rien avoir à se dire), la perte de confiance en soi (difficulté pour s’exprimer, pour agir …) en l’autre !

L’agressivité peut prendre le pas sur la communication et peut entraîner des violences.

Des réactions découlent  de ces conséquences : refuge dans le travail, infidélité, dépression, dépendance (boire), abandon du foyer, divorce, suicide ; meurtre, ( tous les 3 jours 1 femme meurt sous les coups/ 1 homme toutes les 3 semaines :  tel : 3919 )  !

Sur les enfants les conflits non réglés entraînent de la peur, des problèmes scolaires, des troubles psychologiques, de la rébellion, parfois des fugues, ou une certaine délinquance !

Heureusement toutes les séparations ne se passent pas si catastrophiquement que cela.

Même si au vu du nombre, la séparation de couple s’est banalisée sur le plan social,  elle est souvent vécue de façon dramatique sur le plan individuel : c’est la perte d’une personne précieuse qui était source de bonheur (la plus part du temps) et la séparation laisse un grand vide : elle donne la sensation d’un plus ou moins brutal déséquilibre.

La séparation ne signifie pas la fin de l’histoire du couple, surtout s’il y a des enfants. Depuis 1987  la loi Malhuret ,  dissocie « couple parental » et « couple conjugal », en posant que le divorce dissout seulement le second. A ce titre, l’enfant prend une place spécifique chez chacun de ses parents qu’il doit dorénavant différencier distinctement .

Un professionnel permet de prendre de la distance. *

L’aide d’un professionnel peut faciliter cette réorganisation compliquée. Parfois l’ enfant  culpabilise et pense qu’il est l’origine du conflit et de la séparation. Il a besoin d’avoir des explications claires sur les bouleversements de sa vie qui bascule. Explications qui le concernent c’est à dire le préserver de tout ce qui ne le concerne pas (intimité conjugale ou infidélité par exemple). Il n’est pas facile pour un enfant d’entendre “ça ne va rien changer pour toi”, car, si cela va  déséquilibrer son quotidien. Se faire accompagner donc , par des professionnels mais aussi par ses proches peut aider l’enfant à traverser cette période avec moins d’incidences. Parfois c’est l’occasion de retisser des liens dans sa propre famille. (voir le film : Mistral gagnant).

                 

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En amont on peut se demander : Qu’est-ce qui fait que des personnes se mettent en couple ?

Faire couple c’est faire alliance : c’est avoir des sentiments l’un pour l’autre et surtout se lier pour un intérêt commun. Se retrouver en duo mérite que l’on prenne un peu de temps pour se comprendre.

Argile : l’enfant à venir.*

Un couple est toujours situé dans un contexte : qu’il soit socio-économique, culturel, cultuel ou moral4. Etudier ce contexte est précieux car l’on peut mesurer des choses évidentes à côté desquelles on passe souvent.

Et les différences ne sont pas des freins dans la relation de couple : bien au contraire. Établir une culture des différences est essentielle car la personnalité individuelle va exister et enrichir l’identité du couple.. Il faut néanmoins bien se connaitre, savoir pour l’autre et pour soi ce qui négociable de ce qui ne l’est pas,  apprendre à inventer des compromis (donner/recevoir), savoir faire front commun : un couple ça se construit ça évolue ça grandit.

L’autre richesse du couple c’est l’échange la communication qui est le terreau essentiel de l’équilibre du couple, et cette communication s’étend du quotidien à  la compatibilité intime que deux personnes ont l’une pour l’autre. Pour rappel la communication ne passe par les mots qu’à hauteur d’environ 10% : tout le reste est du non verbal !

Il y a autant de couples que de personnalités qui les fondent : complicité, confiance, fidélité, solidarité sont les piliers de cette union.

Dessin : le couple*

Ce qui peut permettre la durée d’un couple c’est de se re-rencontrer.  Même si l’on se met en couple beaucoup plus tardivement avec l’allongement de la durée de vie le couple a besoin, régulièrement de se réinventer !

Je reviendrai sur les fondements du couple lors de prochaines interventions.

Merci pour votre lecture et vos réactions qui sont toujours appréciables.

Sylvie Etiève

Une proposition pour votre couple : qu’il ait 1 an ou 30 ans de vie commune. **

……………………………………………………………………………………………………………………………….Sources :
1 : Depuis le 1er janvier 2017, le nouveau divorce par consentement mutuel est en vigueur.Ce nouveau divorce est un divorce « déjudiciarisé », il convient de le nommer le divorce par consentement mutuel sans juge.              https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F10567

1 :http://pointdroit.com/divorce-histoire/ 

2: https://www.consoglobe.com/

3: Travaux de l’anthropologue Philippe Brenot-Je suis médecin de l’amouécrit par Philippe Brenot (L’esprit du temps)

4 :  le couple ifortpsy

* Dessins argiles et infographie de Pierre-Loïs Damien-Etiève

**Design affiche Séraphin Mixtur

Orientation

La multitude d’informations, et l’évolution des voies possibles compliquent parfois la tâche des jeunes (et moins jeunes) dans leur cheminement de formation et  de professionnalisation.

De plus, il arrive qu’une teinte de pessimisme ambiant, et de stress, ne permettent pas toujours de se projeter dans  l’avenir avec sérénité.

Le coût croissant de la vie aussi, les distances à parcourir peuvent même freiner certains à franchir le pas d’un engagement dans une voie professionnalisante ou diplômante ou tout simplement enrichissante.

L’immédiateté, le « j’ai la flem’ », la facilité de connexion au bout des doigts, mais à la fois le « je suis happé(e)  par le flux donc je procrastine », parasitent souvent cette démarche !

Ce qui fait que bon nombre de jeunes ou de personnes en réorientation ont du mal à faire un choix et s’y tenir.

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Un des points essentiels est certainement de bien se connaitre.

Parmi toutes les façons d’apprendre à se connaitre : discussion, essais/erreurs, tests, expérience, stages, portes ouvertes … je voudrais vous présenter –si vous ne connaissez pas déjà- ce que sont les intelligences multiples.

Effectivement il n’y a pas qu’un seul type d’intelligence et un seul test ( le QI-quotient intellectuel- pour la sonder).

Il y en a plusieurs types : vous avez déjà entendu parler : de ceux qui sont plutôt visuels et ceux qui sont plutôt auditifs. Vous voyez aussi ceux qui ont besoin de calme pour apprendre ou ceux qui apprécient  un peu de musique. On sait que pour les dyslexiques : apprendre sur un plan incliné leur facilite la tâche, etc Chacun a ses spécificités.

D’ailleurs si l’on se réfère à une définition de l’intelligence « Ensemble des fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle » on parle bien DES fonctions mentales.

Alors une idée pour mieux se connaitre : vous pouvez à titre indicatif faire le test d’intelligences multiples : le but n’étant pas de se mettre dans des cases, mais de mieux cerner les aspects de notre potentiel (talent).

Dans sa théorie des intelligences multiples, le scientifique Howard Gardner distingue huit  types d´intelligence + 1

  • Intelligence verbo-linguistique : capacité à lire, écrire, écouter et parler ;
  • Intelligence spatiale: capacité à s´orienter dans l´espace ;
  • Intelligence logico-mathématique: capacité de calculer, de faire preuve de logique, de raisonner et de résoudre des problèmes mathématiques ;
  • Intelligence musicale: aptitude à chanter, jouer d´un instrument, reconnaitre des modèles musicaux, de les interpréter et d´en créer ;
  • Intelligence corporelle-kinesthésique : capacité d’utiliser son corps de façon coordonnée, par exemple pour la danse, les activités sportives ou la chirurgie.
  • Intelligence interpersonnelle: capacité de comprendre et d´interpréter les comportements verbaux ou non d´autrui ;
  • Intelligence intrapersonnelle: aptitude à se former une représentation de ses propres actions et à l´utiliser efficacement.
  • Intelligence naturaliste: capacité de reconnaître et de classer ses connaissances sur l’environnement naturel ;
  • Intelligence existentielle: aptitude à se poser des questions existentielles, comme sur la mort et le sens de la vie.

On regroupe généralement les intelligences multiples en quatre types :

  • les intelligences d’actions (interpersonnelle et intrapersonnelle),
  • scolaires (linguistique et logico-mathématique),
  • environnementales (naturaliste et musicale)
  • et méthodologiques (visuo-spatiale et kinesthésique).

En 2008, Steven Rudolph fait évoluer le modèle des «Intelligences Multiples» en y incluant neuf tendances à se comporter :

  • Protectrice
  • Educative
  • Administrative
  • Guérisseuse
  • Créative
  • Animatrice
  • Serviable
  • Entrepreneuriale
  • Aventurière

« La théorie des intelligences multiples d’Howard Gardner peut être contestée car elle ne résulte pas d’une démarche scientifique. Howard Gardner le reconnait lui-même car elle ne peut  pas être démontrée d’un point de vue des neurosciences. Mais Les intelligences multiples ne doivent donc pas être envisagées sous un angle scientifique, mais bien comme une approche pédagogique.»*. des professeurs proposent ce test parfois.

Alors plusieurs liens si vous souhaitez découvrir (à un temps t) vos intelligences multiples (il y a en général pas mal de questions à répondre).

Les liens pour tester vos intelligences multiples :

Le jeu des 8 personnages (test : lire et classer des petits textes)

https://www.reussirmavie.net/Test-trouvez-vos-formes-d-intelligence_a11.html

Des questions pour vous cerner (test papier crayon)

https://www.meny-wise.fr/emploi/le-test-des-intelligences-multiples-decrites-par-howard-gardner

Et un test réalisé dans le collège de Besançon par Mr Riffiod (test à télécharger) je l’ai testé même si je ne suis plus au collège 😉

Testez vous bien et comme disait un professeur à un de mes enfants : “dans la vie on peut toujours trouver des passerelles.” Donc un parcours débuté à un endroit peut se poursuivre à un autre : ce qu’il faut c’est avancer et vivre le présent.

Sylvie Etiève

sources:

liens des tests et:

http://www.samuelgerrand.fr/natures-multiples

 *http://www.kmim.eu/2018/10/23/carte-blanche/

Fête des grands-mères

Dimanche 3 mars 2019

Mon petit papa a retrouvé aujourd’hui son portefeuille que sa mère lui avait offert pour ses 20 ans: soit en 1950 ! Il y a donc près de  69 ans !!

Huit ans plus tard, Il avait glissé dans celui-ci, une photo de lui et de sa fiancée-ma chère maman- (datant du 15 mai 1958 : écrit au dos, à la main).

Ils posent tous les deux devant la voiture de Claudine une simca 5 moteur arrière, dans les Deux-Sèvres sans doute en périple pour aller voir la famille en région Centre ou dans les Yvelines.

J’ai trouvé ce petit signe amusant : par cet objet, le porte-feuille  de mon petit papa nous faisait un clin d’œil : car c’était un cadeau de sa mère Camille de ma grand-mère donc : elle n’est plus là depuis longtemps comme beaucoup de grand-mères dès lors que nous-mêmes avons la cinquantaine ou plus !

Mais, comme vous sans doute pour les vôtres, j’ai une pensée pour elle, pour mon autre grand-mère Blanche aussi et pour ma mère ‘mamie Claudine’ qui avait une grande tendresse pour tous ses enfants et ses 15 petits-enfants.

Aujourd’hui c’est la fête des grands-mères -on pense ce que l’on veut de ces fêtes un peu institutionnalisées pour faire marcher le commerce (surtout qu’elle a été créée par une marque de café du même nom en 1987), mais l’on n’est pas à une pensée près pour se souvenir où sont nos racines-

En rentrant de notre petite excursion « fête des grands-mères » avec une de mes filles, la voisine, qui a deux petits enfants m’a dit sa tristesse qu’un de ses petits-enfants avait coupé les ponts avec eux. Et ce n’est pas la seule que je connaisse dans ce cas : alors nous avons tous une grand-mère : par lien de sang, de cœur, de voisinage, amical ou par n’importe quel lien : n’hésitons pas à lui souhaiter une bonne journée : car peut-elle aura-t-elle la chance que ce soit du surplus mais peut-être pas !

Nous n’avons pas besoin d’attendre la fête des grands-mères pour leur faire un signe évidemment : mais toutes les grands-mères en espèrent secrètement un petit, ce jour-là aussi ! En effet elles n’attendent pas le premier dimanche de mars pour penser à leurs petits-enfants mais ce dimanche-là : partout on leur redit « c’est votre fête ! C’est votre fête !!! »

Et puis si l’on a oublié, ce n’est pas grave : elles sont en général très compréhensives et un petit appel même le lendemain, la semaine d’après… les touchera !

Ce petit message est vrai pour les grands-mères, les mères, les pères, et les grands-pères aussi dont la fête-moins connue, instituée par Franck Izquierdo– est le premier dimanche d’octobre!

En parlant de grand-père : Vous souvenez-vous de cette émouvante publicité allemande ayant fait le buzz en 2015, elle traitait de la solitude des personnes âgées ?

Juste prendre le temps de faire la fête 😉

Cela donne à méditer !

Allez portez-vous bien 🙂

Sylvie Etiève

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