Naturellement, par moment on souhaite se déconnecter un peu ! Effectivement dans notre société tout est –comme écrivait Michel Serre dans ” petite Poucette “- à portée de pouce! Même si la connexion nous est très utile, parfois, une pause est nécessaire car le flux nous entraîne presque malgré nous .
Tiens, moi-même, pour commencer à écrire cet article, la connexion m’a, à la fois, servie et desservie.
Servi car une de mes filles assez « accro » à son smartphone m’a partagé un article fort interéssant qui m’a inspiré dans cette rédaction (Merci ma fille).
Desservi car en allumant mon ordinateur je suis passée lire les mails (qui étaient d’ailleurs notifiés sur mon smartphone) , et en lisant les mails j’ai cliqué sur un lien likedln qui m’informait que Godefroy me remerciait de l’ajouter à son réseau, et donc, en passant par Linkedln pour confirmer mon intention à Godefroy (qui est très sympa dans la vie d’ailleurs ), je suis tombée sur cette vidéo de « time for the planet » que je vous conseille aussi d’aller regarder (mais pas maintenant, sinon, vous allez perdre le fil, ce qui arrive très vite, j’en suis la preuve).
Le fil « le coup de fil » ? l’autre jour lors d’un atelier-conférence, une dame, quinquagénaire, nous dit : « mes enfants m’ont appris à ne pas forcément répondre au téléphone quand il sonne », et de poursuivre, «maintenant même quand ils m’appellent (leur nom s’affiche sur l’écran) je les laisse enregistrer leur message, j’écoute, je réfléchis et je rappelle quand je le décide ».
L’usage même du téléphone : répondre directement à une personne est modifié. Pollué par les appels publicitaires intempestifs, on apprend à se méfier du téléphone et de ses interlocuteurs et l’on transfère cette pratique à d’autres !
Pourtant le téléphone sert, avant tout, à appeler, à téléphoner « Dire, communiquer quelque chose, faire part de ou que (à quelqu’un), par le téléphone » nous dit le petit Larousse (copié/collé en ligne évidemment ! car plus léger, à portée de clic et plus rapide que celui de la bibliothèque).
En revanche on ne dit pas que le smartphone sert à smartphoner : pour faire autre chose que téléphoner. Sa définition est « Téléphone intelligent. (Recommandation officielle : ordiphone.) » , téléphone, enceinte, ordinateur … intelligents
Donc assez intelligent pour : communiquer avant tout, mais aussi pour nous réveiller, nous servir d’agenda, nous orienter, nous donner les définitions et l’orthographe d’un mot, la référence d’une citation, une recette, … nous appâter sur les réseaux sociaux, nous hypnotiser par le flux de vidéos et nous faire consommer, acheter en quelques clics… assez évolué pour nous parler, chez elles certaines personnes parlent à une enceinte qui leur dit ce qu’elles attendent et qui donc les enregistre (à leur insu sinon elle ne pourraient pas répondre ! ) et bien entendu nous informer : ah l’information ! Elle est permanente, diffusée, rediffusée et il existe même la peur de ne pas avoir “la toute dernière nouvelle” , la FOMO (fear of missing out).
Et si l’on observe l’évolution de l’outil numérique en tant que tel, on analyse que la proximité avec le corps se réduit. De l’ordinateur (avec tour) sur un bureau on est passé à l’ordinateur portable que l’on pose partout (même sur nos genoux, bien que ce soit déconseillé pour la santé) au smartphone, plus ou moins clipsé à la main, dans la poche, à la montre connectée qui une fois attachée au poignet s’invibilise jusqu’aux notifications. Toujours se demander; “entre l’humain et l’outil qui est au service de qui ?”
Aujourd’hui on parle de surcharge numérique et donc de « digital detox », c’est à dire de sevrage numérique. Notamment avec la place faite au télétravail (suite du covid), et à la difficulté à poser des frontières entre la vie privée et la vie professionnelle, la déconnexion digitale permet après avoir fait le point de tous les supports numériques qui nous relient, à mettre en pause notre vie digitale.
Si l’on veut être un peu moins accro (pour des raisons de santé et de savoir-vivre), voici quelques conseils :
Diminuons le temps entre deux consultations de nos téléphones ( on le regarderait en moyenne, toutes les 12 minutes)
Gare au temps sur le téléphone en soirée qui retarde l’heure du coucher: 1 heure par soir, on perd une nuit de sommeil en une semaine : la dette de sommeil se paie cher (somnolance, déconcentration, fatigue … le lendemain et sur l’année)
Mangeons … sans écran !
Essayons d’utiliser le téléphone pour communiquer avec une personne qui est éloignée mais sans négliger les personnes qui sont à côté- Ne nous en privons pas car les messages vocaux et écrits, les vidéo-messages sont des liens entre les personnes et l’on sait que le lien est ce qui structure une vie.
Essayons de mettre en sourdine les notifications et de contrôler le temps passé sur son portable (il existe même des applications) -il faut une minute au cerveau qui entend une notification, pour “s’en remettre” !
Essayons de ne pas sortir notre téléphone sans utilité quand on est en famille, entre amis, en cours, au travail à attendre, mais obervons notre environnement, échangeons en regardant nos voisins dans les yeux !
Essayons de ne choisir que les applications réellement utiles (vaste débat car on ne peut pratiquement plus rien faire sans application)
Utilisons un réveil pour nous réveiller, une montre pour avoir l’heure. Les personnes qui dorment avec leur téléphone ont souvent ce prétexte “mon téléphone me sert de réveil” 😉
Utilisons notre appareil photo si nous en avons un, mais ne culpabilisons pas non plus de faire des photos avec un smartphone, et réflechissons à leur stockage !
Pensons lampe de poche, lampe solaire, mais la fonctionnalité “lampe” est pratique aussi !
Dépoussiérons nos livres de recettes et nos dictionnaires, sans se complexer de nous connecter à Mamiton !
Envoyons une carte postale manuscirte (plus long à faire mais plus chaleureuse qu’un mail), sortons un jeu de société (pour changer du jeu vidéo qui a aussi ses attraits et avantages) !
Allons acheter plus concrètement, de temps en temps, et pas toujours en un clic ! Où achetons moins ou différemment.
Faisons des pauses sans téléphone, voire des pièces sans téléphone ni ordinateur ! Plein d’idées, comme celle de mettre un panier à téléphones à l’entrée de la maison, à retrouver dans ce guide “la famille tout écran” !
Et surtout soyons vigilants avec les plus jeunes !
Ecrivons de temps en temps à la main (notre société néglige l’outil exceptionnel qu’est notre main) : à ce sujet vous pouvez lire les 7 aptitudes importants que vous cultivez en écrivant à la main (il est vrai que j’écris mes articles sur ordinateur mais je note dans des petits cahiers les séances de thérapies que je propose.)
Prenons conscience que l’on a un petit côté « curieux-voyeur » quand on va stalker c’est à dire « surveiller, épier la vie des autres sur internet ! » En même temps, si le terme anglais est nouveau dans notre jargon, c’est un peu ce qui se passait quand les femmes se retrouvaient au lavoir: l’usage personnel de la machine à laver a heureusement grandement changé la vie des familles, alors on cherche d’autres sources d’échanges de petits cancans : c’est humain ! La question de fond est: qu’est-ce qu’une bonne relation humaine? Ce qui est certain ce n’est pas celle qui entraine ce qu’on appelle “le retrait social” (de moins en moins de temps en famille ou entre amis, mais devant son écran (série, jeux, émissions…)
Le téléphone, le portable, internet ont révolutionné notre quotidien et c’est une grande chance ! Avec la crise sanitaire on a vu à quel point il nous a permis de rester en lien avec les autres, même si ce lien était imparfait, il nous a plus ou moins aidé à traverser cette période inédite. La fracture numérique a été un réel problème pour ceux qui n’avaient pas de bonnes connexions. Néanmoins pour que la révolution numérique reste une révolution positive, on se doit d’exercer notre libre arbitre et il faut garder la maîtrise de ces outils car c’est à nous de contrôler leur utilisation et non à eux de contrôler notre temps notre vie comme celle de Monsieur Selfie
Ré-apprenons à lever les yeux vers le monde qui nous entoure, reconnectons-nous à nos sens, aux autres à la nature, mais ne culpabilisons pas non plus de nos habitudes digitales de faire, tant qu’elles sont conscientisées !
Soyons juste “actrice et acteur” de notre vie !
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PS depuis quelques années : une formidable action se déroule chaque année à Châteauroux et dans les environs: “les écrans à la diète” . Avec Corinne Bordin, nous avons animé une soirée dans le village de Céré-Coing avec des familles souhaitant participer à cette prévention du numérique. Un petit garçon a dit : “papa et maman sont tout le temps sur leur téléphone, c’est pas drôle pour nous !” … les écrans dans la famille nous y reviendrons.
Maintenant : Pensez à fermer les yeux quelques instants et à regarder par la fenêtre pour les reposer : les écrans nous les fatiguent !
Merci pour votre lecture. Bonne balade.
Sylvie ETIEVE