C’est l’histoire d’un jeune garçon.
Et c’est l’histoire de sa maman aussi. Une maman comme toutes les mamans, avec ses joies, ses peines, ses réussites, ses échecs, ses problèmes, ses projets, ses doutes, et ses espoirs.
Comme beaucoup de parents, elle fait au mieux pour élever ses enfants.
De sa première union un garçon est né, mais le couple s’est désuni, séparé. Et comme beaucoup d’enfants leur garçon a vécu les affres de la séparation de ses parents. Il était très jeune, il ne se souvient pas de tout, mais il dit qu’aujourd’hui ses parents, même s’ils ne sont plus amoureux, ils se parlent et ils se voient pour parler de sa vie, de l’école de ses activités des vacances, de la garde alternée, de l’inconfort du changement hebdomadaire, même il s’y est habitué.
Néanmoins, une chose le rend triste.
Depuis que ses parents se sont séparés, sa maman a rencontré un nouvel amoureux, ils ont eu un autre enfant ensemble, son papa aussi. Lui, il jongle avec ses deux familles, ses deux univers, ses deux rythmes et règles de vie.
Ce n’est pas cette « vie deux en une » qui le rend triste, c’est autre chose.
Mais il n’arrive pas à le dire.
Alors on donne du temps.
Et puis, la maman vient un jour en séance avec lui, et son papa aussi, fait assez rare, et oh combien salvateur pour les enfants pourtant. Il m’avait prévenue : ses parents ne s’entendent pas mal, et ne souhaitent que son bonheur. Des parents dont l’intelligence de cœur est notable.
Tous les quatre, on parle, on évoque la séparation, elle laisse toujours des traces. On passe à la loupe le quotidien, tout n’est pas parfait, chez qui l’est-ce ? mais, comme sur la banquette où il se trouve entre les deux, il est entouré d’adultes bienveillants de chaque côté de cette double lignée.
Et il redit en présence de ses parents, qu’une chose le rend triste.
Ses larmes coulent.
Sa maman baisse la tête.
Son papa les encourage, prend son fils plus près de lui.
Je reste doucement en retrait, et pourtant je sais que la parole libère, mais je n’ai pas idée de ce qui va être dit. On peut tout imaginer.
La maman, regarde son fils, dans les bras de son papa et me dit faiblement :
– Je n’arrive pas à dire « je t’aime » à mon fils.
Le papa semble soulagé qu’elle ait annoncé elle-même ce blocage, car il sait que pour son fils cette absence de mots tendres le perturbe énormément. Surtout qu’il est témoin des mots et des signes d’affection dont profite son petit frère … C’est ce qu’il m’explique après quand on est en tête à tête. Son rêve c’est que sa maman lui dise ces mots-là au moins une fois.
« L’amour est un cadeau que nous ne savons pas toujours recevoir ou donner. » nous dit Jacques Salomé, et ce n’est pas réservé qu’aux couples.
Ce n’est pas qu’elle ne l’aime pas, loin de là, seulement, pour différentes raisons elle n’y parvient pas.
Alors, quand je la revois, elle, je lui conseille tout simplement de lui écrire ; et là une idée lui vient.
Elle me parle d’une association qui « fait voyager des galets ». Le principe : quelqu’un décore un galet et le dépose quelque part. et si un promeneur le voit, soit il le garde, soit il le fait voyager plus loin. Elle décide cela :
-Avant de lui dire avec ma voix, pour m’aider, oui, je vais lui écrire sur un joli galet que je décorerai. Comme mon fils voyage entre deux maisons, il pourra faire voyager son galet tout en le gardant avec lui.
Ce qu’elle fit.
Ce qui le rendit pleinement heureux, ému et radieux.
Et elle eut la gentillesse de me le partager, et qui me donna -avec leur accord- envie de vous le raconter, car il se peut que cela arrive à d’autres.
Je suis sûre que ce galet de l’amour va beaucoup voyager entre ses deux maisons, et qu’il sera la pierre angulaire de cette relation renouée.
Sylvie ( juillet 2023)
merci pour votre lecture
- Merci pour le gentil accord pour cette rédaction.
- Crédit photo, la maman.
- Cairns (équilibre de galets) PLDE