Comme tout le monde une date trotte dans la tête !
Le 11 mai : date de la
fin du confinement… je vous propose cet article qui comporte deux
parties :
1 : Une série (non exhaustive) de conseils
2 : Une rédaction sur le sujet du confinement et de sa suite
Bonne lecture !
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I : Quelques conseils pour sortir du confinement
*Savourer la liberté retrouvée
de se déplacer un peu plus aisément. Si l’on est extraverti on est encore plus
impatient (comme un lion en cage) que si l’on est introverti (il faudra sortir
de sa zone de confort).
*Recréer des liens, au plus
vite. Le lien social est un excellent antidépresseur, et permet une meilleure
santé physique. Donc voir et aller voir surtout les personnes isolées et
âgées : c’est vital.
*Voir le déconfinement comme une chance : revoir des personnes chères, vivre des moments tant attendus, exemple : une jeune mamie a tenu un cahier de tout ce qu’elle a « loupé » avec ses enfants et petits-enfants depuis le début du confinement et va les vivre après, comme : faire chercher les œufs de Pâques dans le jardin, goûter à un nouveau plat de sa fille, fêter un anniversaire…
* (re) Changer ses rituels. Avec la période de confinement, on a mis en place certaines routines, que l’on va devoir modifier avec le retour à une vie allant vers la normale. Caler un peu plus de temps pour aller travailler, (télétravailler pouvait, pour certains se faire en chaussons !) reprendre des rythmes de sommeil plus réguliers s’ils ont été modifiés.
*Accepter un temps de réadaptation
à cette nouvelle vie (faite de distanciation). On va retrouver certaines
habitudes, mais il faudra faire le deuil de certaines autres.
*Garder une trace, un
souvenir, de ce confinement permettra de l’inclure dans notre vie, dans celle
de nos enfants (leur garder quelques journaux, une autorisation de sortie, des
photos, des écrits anecdotiques…).
*Lister des projets
(réalisables) et écrire la liste de ce qu’on voudrait vivre, de nouveau. Se
projeter, permet de donner une dynamique à sa vie qui nous donne de l’énergie.
* Garder ce que l’on a aimé dans le confinement (consommer local ? télétravail ?), et se détacher de ce qui a été nocif (certains ont eu des problèmes d’addiction). Noter ce que l’on a dû arrêter de faire et que l’on ne tient pas à reprendre, ou que l’on attend avec impatience.
*Gardons les valeurs de solidarité de respect et de reconnaissance* (celles des métiers invisibles par exemple) mis en valeur durant ces deux mois.
*Redéfinir nos propres valeurs, mais aussi, les valeurs collectives autour de la solidarité, de la santé, de l’alimentation, de la nature et de la pollution, de l’importance de l’exercice physique (le confinement ayant accentué notre sédentarité). Donc bougeons, sortons, marchons, respirons, mangeons sains, échangeons…
*Conscientiser ce qui nous fait peur. Le prendre en compte, et trouver ce qui va nous tranquilliser. Exemples : gestes sanitaires, se déconfiner à son rythme : pas d’urgence pour faire des courses, ou faire un drive fast-food, trouver une alternative aux transports en commun (vélo, marche à pied, covoiturage) …
*Si au-delà d’un mois l’on arrive pas à se sentir bien, si l’on a des manifestations d’anxiété : réaction imprévue, perte de sommeil, pleurs, tremblements, agressivité, déprime, tension… Ecrire, Dire ce que l’on ressent est un premier pas vers « la digestion » du moment. En parler avec quelqu’un ou rencontrer un professionnel peut s’avérer nécessaire. En une ou deux séances cela peut s’arranger.
*Si l’on devient agressif,
suspicieux envers les autres : prendre des distances et se rappeler le
savoir vivre.
*Prendre très au sérieux les
situations de précarisation dues au confinement. Si vous êtes dans ce cas ou si
vous connaissez quelqu’un : ne restez (le/la laissez) pas seul(e) !
*Etre prudent sur ses habitudes par exemple : lors d’un apéritif favoriser le petit pot individuel de cacahuètes plutôt que le pot collectif , des verres jetables !
*On héberge tous des dizaines de bactéries, par exemple 80 % de la population est porteuse du virus de l’herpès et tout le monde n’en souffre pas. Il faudra vivre avec ce coronavirus, comme on vit avec des maladies graves, mais une fois, les tests largement disponibles et surtout le vaccin trouvé nous serons plus sereins.
*Respecter le triptyque : protéger,
tester, se confiner si l’on est contagieux. Cela permet de se sentir en phase
avec le collectif.
*Il est parfois plus facile de se confiner que de se déconfiner. Car il faut prendre ses responsabilités, minimiser les risques, … Certains ont fait une psychose c’est-à-dire qu’ils ont ressenti une distorsion affective et émotionnelle qui fait qu’ils ont perdu le contact avec la réalité et ils ont pu avoir des comportements excessifs (tout nettoyer exagérément…). Et il est encore plus compliqué pour eux de remettre leurs pensées en question.
*Ne pas avoir envie de sortir peut s’expliquer (on était bien dans notre cocon) , on a un peu peur du virus. Il faut s’écouter et ne pas dramatiser sur cette situation ! On peut ressentir ce qu’on appelle le syndrome de la cabane.
*Conserver sa sagacité et son
sens critique.
*Et si l’on a su « lâcher
prise » pendant ce confinement : gardons cette habitude une heure de
temps en temps pour retrouver un certain bien-être.
*Rire, sourire, garder son
humour et sa courtoisie.
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II: SE DECONFINER
Après plus de 50 jours de confinement et de vie au ralenti, nous allons pouvoir lever quelques amarres pour essayer de reprendre un peu de large. Il ne faudra pas sortir du port confinage sans un minimum d’instruments à bord : masque, gel, mouchoirs en papier, distanciation physique, responsabilité, lavages des mains, tests et avant tout bon sens (critique), évidemment. En revanche l’on pourra laisser notre feuille de route remplie, recopiée ou téléchargée depuis plusieurs semaines. Comme un petit goût de liberté (responsable) retrouvée !
Cette liberté très encadrée, comprise et respectée dans l’ensemble, se devait sans doute de l’être pour sauver des vies. Des milliers de vies l’ont été (gratitude envers le corps médical), avec même un bonus car avec la chute de la production industrielle et de la circulation, des personnes (malades chroniques) ont été sauvées grâce à cet air amélioré !
Mais des milliers de vies ont
été perdues aussi : c’est le prix d’une pandémie. Les chiffres n’ont pas
d’âme on le ressent bien, si l’on a perdu quelqu’un pendant cette période. J’y
reviendrai.
Le premier point de ce que l’on pourrait tirer de ce confinement tournerait autour de la notion de liberté mais aussi et avant tout de la qualité de vie. Qualité de vie d’abord : baisse des pollutions de l’air, mais aussi diminution de la pollution sonore ! Grand besoin d’air pur mais aussi de verdure ! Une grande quantité de citadins se sont promis d’essayer d’accéder à un logement avec jardin. Notre rapport à la nature (parfois bafoué, malgré nous) est aussi une donnée à méditer. Quand on s’étonne de voir des animaux (chevreuil, daim, …) Ici ou là circuler dans des villes ou villages alors que leur place est dans la forêt, on est en droit de se demander si nous n’avons pas tout simplement (à l’échelle de la Terre) un peu oublié de leur préserver leur univers. On le savait, va-t-on, suite à cette expérience, le respecter davantage ? On comprend qu’il en est sans doute de notre survie : partager la planète !
Recouvrer une forme de liberté
et de qualité de vie (aller en forêt par exemple) devrait nous faire le plus
grand bien. Retrouver la possibilité de sortir sans préparer ce
« laisser-passer » va alléger notre vie. En même temps on sait que
l’idée de devoir se déconfiner entraine plus d’anxiété pour certains que de
tranquillité.
Effectivement, sociologiquement il est vérifié qu’il est plus facile de suivre des mesures de restriction que des mesures de liberté. En effet, a priori « la liberté des uns, s’arrête où commence celle des autres ! » comment maitriser cette liberté de mouvement dans un contexte ou un virus court (ou ne court pas). On a la sensation en récupérant la possibilité de se déplacer, de partir en lutte contre l’invisible. Comme si à chaque poignée de porte, à chaque personne croisée, elle était là, tapie, prête à nous faucher : la maladie, parfois mortelle, comme toutes les maladies du reste. Il est donc normal de ne pas se sentir complétement libre : le contexte prévaut sur l’éthique ! On ne se sent bien et libre que lorsque l’on se sent en sécurité. Et là ce n’est pas tout à fait le cas, en même temps l’on sait qu’il y a sans doute eu exagération médiatique sur ce sujet qui ne nous permet peut-être pas de relativiser ce qui peut l’être. Peut-être que de notre côté nous avons surconsommé les informations (bonnes ou moins bonnes), nous n’avons pas toujours pensé par nous-mêmes, nous ne sommes pas assez documentés, c’est normal, nous avons été sidérés, voire paniqués, par cette pandémie, et dans cet état là il est impossible de prendre rapidement du recul.
De plus on vient de subir un
long temps d’enfermement plus ou moins intense. Suivant que l’on soit intro ou
extraverti ce confinement a été différemment ressenti. Les premiers ont
apprécié cette distance sociale, les seconds ont été comme des lions en cage.
Pour certains, très sociables, ne pas pouvoir aller se promener tranquillement
ou aller prendre un café au bar d’à côté ou papoter avec un voisin est une
perte énorme de liberté. Les visios n’ont pas tout remplacé !
Il y a pu y avoir cette idée de coconfinement, un peu dans notre bulle
sécure, (comme un retour à la sensation du ventre maternel vont jusqu’à dire
certains psychanalystes), dans notre petit espace protégé en lien avec le monde
par notre cordon ombi-numérique ! Il va falloir sortir de cette zone de
confort pour se réadapter à la vie sociale teintée de la crainte d’être
contaminé.
Bien-sûr l’on n’est pas tous égaux pendant ce confinement. On a constaté une hausse des violences intrafamiliales (espérons que les situations vont pouvoir se régler avec le travail des acteurs sociaux même s’ils n’ont pas arrêté ! Ne soyons pas moins attentifs et alertons s’il le faut.)
Certaines personnes âgées (ou seules) subissent le syndrome du glissement*, d’autonomes et plutôt positives elles deviennent dépressives et ne souhaitent plus qu’une chose « partir ». La rupture du lien social est catastrophique pour les personnes âgées ou vivant seules (si elles présentent des troubles psychiques). L’absence de lien avec leurs proches en a même sans doute conduit certains à être moins défensifs face au coronavirus, car l’interaction sociale permet une bonne santé*. Le nombre d’appels sur les lignes d’écoute a terriblement augmenté. L’après-confinement dépend donc très intimement du confinement que l’on a vécu.
Il y a donc la peur, émotion
incontrôlable, peur qui nous gouverne et qui nous empêche parfois d’agir en
conscience. L’idée serait tout d’abord de prendre conscience de cette peur, à
quelles attitudes de prudence doit elle nous conduire ? Les gestes
barrières sont une réponse, les tests aussi. On peut pour prendre conscience et
relativiser notre peur, repenser dans le passé à un moment qui nous faisait
peur et qui en fait était injustifié. Le proverbe dit bien « la peur
n’évite pas le danger. » La peur non contrôlée entraine parfois des
comportements agressifs, des comportements de rejet, des comportements
inadaptés.
L’on pense aussi que des phobies vont s’exacerber (agoraphobie (peur de la foule), l’anthropophobie (peur des gens), la blemmophobie (peur d’être jugé, regardé, suspecté), ces phobies doivent être prises en charge.
Autre difficulté : les addictions, à l’alcool notamment (mais aussi aux médicaments, aux jeux…), ont augmenté pendant le confinement. Coupé des autres, l’alcool était un moyen de se « divertir » un peu, des jeux de défis d’alcool (en ligne) ou des apéros visios « chargés » ont entrainé certains à boire plus que d’habitude, et à y prendre goût ! Contrôler son instinct primaire n’est pas toujours aisé. S’il n’y a pas d’autorégulation, avec le retour sur les routes, le taux d’accidents (exceptionnellement bas le mois dernier) pourrait augmenter dangereusement. Il nous faudra veiller à ce problème qui pourra mettre la vie des uns et des autres en danger.
Un autre point de vigilance après ce confinement concerne tous ceux qui ont connu une situation financière difficile, la dépression voire les idées suicidaires est à craindre chez les personnes fragiles précarisées par l’arrêt de la vie économique (petits entrepreneurs, intermittents, certaines professions libérales…) Le covid 19 ne fait pas que des ravages physiologiques ! Les ravages psychiques sont tout autant à craindre. Et là encore cette notion de solidarité vécue pendant le confinement ne doit pas s’arrêter au 11 mai. D’aucuns m’ont dit qu’ils paieront deux fois leur coiffeur à leur prochaine coupe de cheveux, juste par soutien ! D’autres continueront d’aller rendre service à un voisin esseulé. D’autres respecterons un peu plus le travail invisible (le ménage des bureaux tôt le matin) les éboueurs, les soignants anonymes…La solidarité peut prendre de nombreux visages, on l’a vu depuis deux mois, ces visages doivent garder le sourire, et l’on ne peut que souhaiter que les formes de rejets de délation de mépris voire d’injures elles, s’éteignent avec la mi-mai…
Ce qui serait beau, oui, c’est que de ce confinement on en garde un « vivre-mieux », que l’on repense aux valeurs fondamentales d’une civilisation humaine plus juste, mais il se peut que cette réflexion soit très idéaliste et que le naturel ( ? ) revienne au galop.
Bon déconfinement (même si je doute que ce mot soit dans le dictionnaire) il trotte dans nos têtes !
Sylvie Etiève 05 05 2020
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Notes:
*Le syndrome de glissement est le changement d’attitude, de comportement d’une personne âgée, connaissant une soudaine perte d’autonomie. La personne qui était jusque là autonome perd le goût de la vie, et ne se lève plus ne se lave pas ne s’habille pas, mange peu ou pas. De plus , elle s’angoisse davantage et connait certaines peurs.
*« La richesse des liens sociaux, permet une meilleure santé. Les interventions sur le lien social sont plus importantes que les traitements médicaux. » (Jean Dominique Michel-anthropologue suisse)
*”compensation pour les malades, gratitude pour les soignants” André Comte-Sponville.
Photo: Delphine que je remercie pour ce cliché.