C’est la fin d’année scolaire et avec celle-ci arrivent des résultats d’examens ou des passages en année supérieure.
Félicitations à tous ceux qui ont validé sérieusement leur année et à tous ceux qui ont obtenu leur examen : quel qu’il soit. Et encouragements à tous ceux qui ont dû accueillir un résultat moins gratifiant.
J’ai essayé de résumer la situation d’une jeune que je connais bien à un tableau !
Comme chacun sait, le travail fourni n’est pas toujours en corrélation avec le résultat attendu :
Normalement beaucoup de travail entraine de bons résultats MAIS il arrive que non !
Et encore plus déstabilisant, parfois, peu de travail entraîne des résultats satisfaisants !!
Il n’est jamais très difficile d’accepter une réussite !
La réussite peut avoir des conséquences émotionnelles plus ou moins profondes allant de la joie à l’étonnement ou à la stupeur ! Elle entraîne bien sûr une satisfaction personnelle mais aussi collective : la famille, les proches, les amis réels ou virtuels partagent cette joie (même sur les réseaux sociaux: un tel post peut satisfaire quelque curiosité, drainer du plaisir mais faire naître quelques jalousies parfois).
La pleine délectation de cette réussite sera étroitement liée à l’investissement dans le travail fourni. Si l’on discrédite la formation (en disant “je n’ai rien fout… mais je l’ai eu !!”) cela ne renvoie ni une bonne image de soi ni un grand respect de la formation et encore moins de respect de la difficulté des autres : ceux qui, eux, ont travaillé mais n’ont pas réussi !
En revanche vivre un échec suite à un grand investissement scolaire (ou professionnel) est beaucoup plus difficile à vivre.
On ressent une forme d’injustice tant le résultat n’est pas en rapport avec l’investissement.
Dans un examen il y a bien sûr une part de chance (le sujet), le contexte joue aussi (santé du moment) le talent a sa place(évidemment) et la subjectivité est au cœur du système: d’une part du côté du candidat (confiance en soi) et surtout côté correcteur : « L’incertitude de la notation est une constante. La note n’est pas une mesure physique, mais l’appréciation d’un expert sur une prestation »* écrivait Pierre Merle, professeur de sociologie spécialiste de l’évaluation scolaire.
La docimologie* (l’étude des notes) montre à quel point il est difficile pour un correcteur d’être « juste » dans sa notation.
A titre d’exemple Luc Ferry s’indignait en 2008** de ce que les “écarts de 5 à 6 points sont archi-fréquents” et qu’il avait pu voir “de ses propres yeux” une même copie “notée 3 par un correcteur, 17 par un autre!”**
Échouer
Une fois ces paramètres posés : la question de l’échec se pose.
Je me baserai sur les propos du philosophe Charles Pépin*** (qu’une de mes filles m’a fait découvrir) pour poursuivre ma réflexion .
En France on a du mal a accepté l’échec, il faut réussir tout de suite, dans d’autres pays c’est une véritable école. En effet Les échecs nous conduisent à la réussite, car quelqu’un qui échoue est quelqu’un de mieux armé, plus complet que quelqu’un à qui tout sourit tout de suite.
Bien sûr on ne choisit pas d’échouer.
Et l’échec n’est pas forcément rentable, ni utile ni forcément une grâce, mais parfois il est très instructif et nous en apprend beaucoup sur nous-mêmes, sur les autres aussi : échouer à une élection en est un exemple.
La question à se poser, une fois l’échec « pansé » une fois la personne rassurée est : Que me dit mon échec : change de voie ? où c’est ta voie ?
Certains échecs nous rendent plus forts : et nous disent « c’est ton désir : continue. » « C’est ton choix, ta chance : insiste un peu.» Barbara a échoué pendant 10 ans dans la chanson en Belgique elle savait que son désir était de chanter mais elle était mal accueillie par le public. Elle y croyait et a tenté sa chance en France où elle a été reconnue. Elle a rencontré la résistance du réel pour se rapprocher de son talent et elle y est arrivée.
D’autres échecs nous offrent des vertus de bifurcation explique encore Charles Pépin : Gainsbourg a commencé sa carrière d’artiste comme peintre, mais, sans succès et s’est fait connaitre comme chanteur en ayant croisé d’autres destins. Dans son cheminement quand une voie se ferme, il faut trouver d’autres voies possibles pour avancer et se montrer disponible au changement de voie où alors il faut essayer d’améliorer les paramètres nécessaires à la progression.
On sait tous que l’on apprend par essais et erreurs. Charles Pépin prend l’exemple de l’apprentissage de la marche.
Une heure après sa naissance un poulain va être capable de marcher. L’humain aura besoin au moins d’un an. Le bébé va faire des centaines et des centaines d’essais pour parvenir à marcher : il va rater un nombre considérables de fois avant de pouvoir au grand émerveillement de ses parents réussir à réellement faire ses premiers pas. On ne lui reproche pas ses ratés au contraire on l’encourage de façon bienveillante. Plus tard il ne rencontrera pas cette même bienveillance lors de ses échecs. Les animaux apprennent de façon innée, le bébé a besoin pour apprendre et se développer et de devenir autonome d’amour d’éducation d’encouragements de confiance. Et c’est grâce aux autres aussi qu’il apprend :Il pourra même apprendre à faire du vélo (pas le poulain).
Pour réussir il faut oser, avoir confiance en soi dans les autres et ressentir ce petit quelque chose de plus qui fait que le jeune enfant va par exemple se lancer sans les roulettes de son petit vélo accompagner sur quelques mètres par un parent. Et il n’y parviendra peut-être pas du premier coup mais c’est parce qu’il échouera qu’il réussira. La première vertu de l’échec est d’apprendre à endurer les suivants. Et la joie de la réussite prend une autre épaisseur lorsqu’elle succède à plusieurs échecs.
Par ailleurs trop de réussite, nous explique le philosophe n’entraîne pas forcément beaucoup d’empathie. L’échec n’est pas agréable mais par certains côtés il nous protège de l’arrogance vaine et nous oblige à l’humilité.
L’échec peut nous aider à nous recentrer sur ce qui compte vraiment. On relativise : la santé prime sur la réussite sociale par exemple. Echouer permet de donner une saveur nouvelle aux plaisirs les plus simples de la vie !
Ce qui compte vraiment va au –delà de la réussite ou non à un examen. C’est le contexte dans lequel tout ceci est vécu. Dans la vie ce qui rend heureux c’est la qualité des liens que l’on tisse avec les personnes qui nous sont proches : c’est pour cela qu’il est essentiel d’assurer par son affection et des compliments celui qui réussit mais il faut redoubler d’empathie et d’affection celui qui échoue et distinguer le résultat de l’examen de sa personne.
Les tableaux d’affichages vont se vider, les établissements se fermer, les mails tant attendus se classer et chacun va savourer ou se consoler, en tout cas se reposer (peut-être) avant de poursuivre sa voie ou d’en changer : ainsi va la vie.
Et souvenez vous des paroles de cet homme qui a essuyé tant d’échecs avant de RÉUSSIR à nous transmettre certaines valeurs :
“Je n’échoue jamais : sois je réussis sois j’apprends.” Nelson Mandela
Bonnes vacances : soyez entourés et entourez les autres.
Sylvie Etiève
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Sources et compléments :
*http://www.ac-orleans-tours.fr : pédagogie et évaluation : docimologie
Docimologie : sciences de l’évaluation en pédagogie et pour ce qui concerne les examens scolaires. Un initiateur reconnu est le psychologue français.Henri Piéron (1881-1964). Éthymologie : racine grecque, “ dokimé ” signifie épreuve et “ logos ” qui signifie science. Apports :
– Toutes les expériences conduites en docimologie ont montré qu’une note, à barème défini et donné sur une épreuve donnée, n’est stable ni au sein d’un groupe de correcteurs, ni dans le temps pour un correcteur donné, ni dans les classements auxquels elle conduit.
– Ces expériences ont également montré que de multiples paramètres peuvent influer sur la notation (ordre de correction des copies, connaissance que l’évaluateur a de l’auteur de la copie, éléments périphériques à l’objet de l’évaluation, par exemple qualité de la présentation de la copie …)
– A cette instabilité de la notation s’ajoute, pour l’évaluation en cours d’année par l’enseignant dans sa classe, celles du choix des sujets d’évaluation, des barèmes et des niveaux d’exigences qui dépendent pour une part importante de représentations personnelles ou collectives (par exemple en lien avec l’établissement d’exercice).
** https://www.lexpress.fr/actualite/societe/bac-de-philo-une-copie-dix-correcteurs-pour-quelle-note_899958.html
*** Charles Pépin(Auteur) : Les vertus de l’échec Allary edition
Pour aller plus loin un article :
https://www.contrepoints.org/2017/02/09/280364-vertus-de-lechec-de-charles-pepin