Il/Elle ne m’écoute pas !

Des parents viennent me voir car ils s’inquiètent du fait que leur(s) enfant(s) ne les écoutent pas. Il n’y a rien de mieux effectivement comme démarche que de demander un coup de pouce quand cela ne va pas, plutôt que de nier une difficulté, la minimiser ou s’y accoutumer.

Cet article vous donnera quelques pistes mais ne vous empêchera peut-être pas de demander un accompagnement parental ponctuel .

Tout d’abord il faut analyser la situation. Ce n’est pas la même chose suivant le contexte familial: parent-solo, parents en couple, parents séparés, parents veufs, parents en couple mais l’un des deux étant très souvent absent (par exemple militaire en mission longue et régulière), enfant unique, grande fratrie, fratrie recomposée…

En général un enfant qui attire l’attention ++, qui fait le pitre de façon exagérée, qui crie qui pleure ou qui tape est un enfant qui demande à sa manière de l’aide.

Donc la première analyse à porter est celle-ci : que veut me dire mon enfant dans ce comportement exagéré et répété au point que cela me fatigue, m’épuise?

Les sources de son mal-être (car s’il se comporte comme ça, cela n’a rien d’agréable pour lui non plus) peuvent être variées, évidemment et souvent, très personnelles. Néanmoins deux choses sont à prendre en compte:

1: Ses besoins sont-ils satisfaits ?

2 :Le cadre dans lequel il évolue est-il sécure ?

1: Satisfaire les besoins de son enfant.

Avant tout un enfant a besoin, d’affection de dialogue de rires de câlins de jeux… d’un amour inconditionnel °.

=> Un enfant doit dormir son comptant ( entre 9 et 11 h) par nuit-il faut être attentif à l’heure à laquelle passe SON train du sommeil.

*Un parent me disait en consultation que sa fille de 8 ans, s’endormirait bien à 19 h 30 mais que pour avoir une vie de famille il lui demandait de faire un effort et … qu’après elle ne trouvait plus le sommeil avant tard le soir. Et que du coup c’était la corvée d’aller au lit.  Si vous êtes attentif aux signes du sommeil de votre enfant (frottement des  yeux, frissons, bâillements, petite irritabilité, fatigue ) vous aurez tout intérêt à faire en sorte qu’il soit prêt à aller au lit. 

=> un enfant a besoin d’une alimentation équilibrée (peu de sucre blanc, beaucoup de produits frais non transformés, beaucoup d’eau et peu de soda … les intestins sont le deuxième cerveau du corps

*Une maman d’un très jeune garçon, me disait (entre autre) que son enfant était stressé car il avait toujours mal au ventre. Il est vrai que le stress peut entraîner des maux de ventre. Mais avant toute chose il est toujours bon de s’assurer de la réciprocité. Son mal de ventre n’était-il la cause de son stress?  En y regardant plus en détails, elle me confirmait qu’il ne mangeait pratiquement jamais de fruits buvait beaucoup de sodas, et mangeait surtout des féculents. Elle convint que le système digestif était un peu mis à mal! Elle s’en désolait mais ne voyait pas comment faire autrement.  Parfois une diététicienne,mais aussi une grand-mère ou un(e) ami(e) peuvent apporter une aide précieuse si l’on est vraiment en difficulté avec  l’alimentation.

=> Un enfant a besoin d’exercice et d’extérieur. S’il n’a pas sa dose de mouvements quotidienne, son irritabilité pourra venir de là. Nous sommes tous de plus en plus sédentaires et les enfants passent beaucoup de temps assis notamment devant un écran.

*Des parents me parlaient de la différence entre leurs enfants; L’aîné avait besoin de faire du trampoline en revenant de l’école pour se défouler alors que le second -plus solitaire- aimait s’isoler un peu dans sa chambre avec ses playmobiles et l’univers qu’il s’inventait.  Mais quand le temps le permettait ils prenaient tous un goûter  dehors avant tout, où faisaient un tour au parc.

Ils n’ont pas tous les mêmes besoins , leurs besoins varient : être parent c’est  aussi cela: être attentif tout en proposant le petit plus!

=> Un enfant n’a pas vraiment besoin d’écran. Bien sûr difficile de les éviter, et ce n’est pas mon propos. Mais l’on connait l’impact de ces écrans sur le cerveau de l’enfant et sur son comportement. Trop de stimulations fatiguent et irritent les enfants. Vous avez sans doute vu ces reportages d’enfant qu’il faut “sevrer” des écrans pour qu’ils se reconnectent à “l’ici et maintenant” . L’idéal c’est de les maîtriser c’est à dire qu’on en donne l’accès qu’à un certain moment avec un début et une fin, On privilégie les écrans inter-actifs, on contrôle le contenu et surtout on n’enfait pas un faux-allié systématique. Exemple je lui donne mon téléphone pour être tranquille ! On gagne du temps à court terme mais on en perd à long terme!

*Les parents sont de plus attentifs à la consommation d’écran par leurs enfants (à la qualité d’utilisation). Mais pas tous. Une maman dont le petit garçon était très agité et désobéissant (aux dires de celle-ci) ne comprenait pas pourquoi il était ainsi !  En échangeant avec eux je compris qu’il regardait des films (d’horreur) interdits aux moins de 18 ans en compagnie de sa mère (qui aimait ça mais cela lui plaisait bien qu’il soit près d’elle. Il expliquait par  ailleurs qu’il faisait des  cauchemars se réveillait souvent avec des images de monstres et de sang  dans la tête, et donc il dormait mal !  Le lien fut assez évident entre ce qu’il voyait et ce dont il rêvait. La  maman n’avait pas franchement pris conscience du lien cause à effet car elle était  convaincue  qu’il regardait cela distraitement et que de toutes façons elle lui  avait bien expliqué que tout ce qu’ils regardaient “c’était pour de faux!”  Tous les parents font des erreurs! Ce qui est fort c’est de les corriger!

=> Plus il est jeune plus la question de l’ordre des rituels est importante. Parfois on croit que le petit n’écoute pas mais en fait souvent c’est que l’on n’a pas respecté son schéma très ordonné. Exemple: vous demandez à votre enfant de 5 ans de se brosser les dents avant de mettre son pyjama alors que l’habitude est inverse, il peut juste “désobéir” car il est perturbé dans ses rituels, et cherche à répondre à son propre besoin. Ce n’est pas contre vous mais pour lui. Les neurosciences nous montrent cette évolution du cerveau de l’enfant qui permet d’adapter l’éducation aujourd’hui.

Ce n’est pas une question de manque d’autorité, mais bien une question de connaissances. Dans l’exemple ci-dessus, si vous ré-évaluez votre attente en disant “ah oui tu as tes petites habitudes fais comme tu le sens pourvu que les deux soit faits”, vous désamorcez la situation, et pas de tension. Si vous dites ” oh mais ça n’ a pas d’importance, c’est moi qui décide, ce soir c’est comme ça” vous envenimez la situation: un vous appuyez sur le côté “prise de pouvoir” interne à la notion d’autorité, deux : vous ne savez pas que pour lui c’est important, donc en dénigrant ses attentes il se sent incompris et il perd un peu de votre confiance.

2 : Le cadre dans lequel il évolue est-il sécure ?

=> L’enfant pour se sentir en sécurité doit pouvoir s’appuyer sur l’affection, la confiance qu’il reçoit de ses parents, son entourage. Ce lien entre l’enfant et ses parents (ou nourrice…) est un lien d’attachement primordial dans sa vie. Un attachement sécure apporte autonomie, indépendance et ouverture sur le monde, car il sait que des parents vont prendre soin de lui quoi qu’il arrive. Il se peut qu’un enfant qui ne se sente pas en pleine sécurité soit défiant, provocateur, désagréable, il cherche vos limites (affectives), il est donc préférable de répondre par la douceur, la prise de recul que par l’agressivité ( La violence est interdite. ) car celle-ci renforcera son côté “désobéissant”. Peu réconfortant mais il est normal que votre enfant se relâche plus avec vous qu’avec son enseignant, cela traduit bien que vous êtes sa figure d’attachement à qui il peut “tout confier” (en confiance)

=> On sait aujourd’hui qu’un enfant qui n’écoute pas, s’il fait une bêtise par exemple, la punition qui lui sera administrée ne l’encouragera non pas à arrêter de faire cette bêtise mais à la (re)faire, sans se faire prendre: il portera son attention sur la manière de la faire pas sur l’objet lui-même (“ah ah : tu ne m’as même pas vu !”)

=> Pour “rassembler” un enfant dispersé, agité, le contact peut l’aider. L’assoir posément contre un mur (dos contre mur) ou autre support, ou mieux sur vos genoux, lui permet de se canaliser. L’accompagner dans sa respiration (comme les vagues sur une plage), le masser, contracter détendre ses membres et lui faire dire ce qu’il éprouve dans son corps, peut le recentrer également.

=> L’enfant a besoin de connaitre et de construire les règles et les conséquences dans la vie de famille (comme nous apprenons le code de la route). Si ces règles sont mises en place ensemble et que les conséquences sont pré-établies cela assainira la relation en cas de problème notamment dans les situations conflictuelles.

Il faut enfin se redire, que le parent que l’on est, dépend de ceux que l’on a eus**. Une analyse peut permettre une certaine mise à distance si l’on n’a pas eu des parents très sécures par exemple.

L’enfant n’aura pas la même écoute de son père ou de sa mère.
En même temps il n’y a pas le parent gentil et le vilain. Beaucoup d’autres paramètres jouent: si c’est un garçon ou une fille, sa place dans la fratrie, son tempérament, le vôtre, le lieu, l’heure, la situation …

En un mot “éduquer un enfant” est complexe (ça on le savait) et encore plus aujourd’hui, mais l’idée à retenir est le cadre bienveillant mais ferme et dont l’enfant connait les règles et leurs conséquences. La souplesse d’adaptation aux situations plutôt que la rigidité. Plus ils grandissent moins on doit être hermétique, leur faire confiance est gage de responsabilisation donc de plus d’écoute, et bien sûr l’amour inconditionnel.

Il n’y a pas d’école de parents, mais parfois quelques conseils glanés ici ou là permettent de se former un peu. De toutes façons on a tous droit à l’erreur: eux comme nous !

Faites au mieux !

Merci pour votre lecture. (vous êtes enfin au bout de l’article)

Sylvie ETIEVE

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*Tous les exemples issus de ma pratique ne prennent en compte qu’un des nombreux indicateurs donnés par les parents lors des thérapies. Rien n’est uni-factoriel et tout n’est pas si simple !

° Un amour inconditionnel est un amour qui transcrit “quoi que tu fasses, je t’aime. Même si parfois je ne suis pas d’accord avec toi ou si je suis fâchée je t’aime quand même, sans aucun condition, sans aucun chantage. Cet amour n’est ni invasif ni distant. Il se met en mots et en actes.

** lire le livre “parents sous influence” de Cécile David-Weil (éditions Odile Jacob) peut vous aider

Le dossier du jour sur ce thème sur France Bleu Berry 17 juin 2021 intitulé:

Vos questions assurance 17 juin 2021  

Le titre ne correspond pas car j’avais remplacé un invité au pied levé 😉

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